Le titre du treizième album des Chasseurs Royaux danois porte le chiffre douze en son sein. La bande à
Andersen serait-elle superstitieuse ? Eh bien non, car la
pochette de l'opus arbore fièrement, et de manière colossalement
romaine, le chiffre symbolique. En fait "The Devil's Dozen" - la
douzaine du diable - est une périphrase désignant le chiffre
treize. Troisième œuvre de Royal Hunt depuis le retour au bercail
de son légendaire frontman D.C. Cooper, cette nouvelle offrande
arrive, telle un métronome, deux ans après "A life To Die For", pièce
ayant succédé à "Show Me How To Live" deux ans après sa parution.
Et il n'y a pas que la fréquence des sorties
de leurs albums qui est réglée comme du papier à musique chez les Danois. On ne change pas un style qui gagne chez Royal Hunt, à
savoir un mélange savant de métal mélodique, symphonique et
progressif auquel s'ajoutent des touches de metal néo-classique -
voire cinématographique - des couleurs FM avec des chœurs gorgeous
et pour finir un groove certain. La seule nouveauté ici est la
disparition du batteur des 90's remplacé par l'ex-frappeur de
Narnia.
Du coup, Andersen - le seul rescapé des débuts (1989) - qui
tenait déjà les rênes du groupe, en devient ici son âme.
En effet, le claviériste-compositeur est
incontournable sur cet album. De l'esprit des compositions à
l'omniprésence des claviers - même si "The Devil's Dozen" ne
contient qu'un seul solo de sa part - le natif de Moscou est partout.
Pourtant, c'est bien le retour de D.C. qui est à l'origine de la
régularité retrouvée dans les sorties d'albums et du retour dans
les charts. Le vénéré vocaliste, la cinquantaine au compteur, est
certainement moins impressionnant qu'à ses débuts - souvenez-vous
qu'il a été finaliste pour la succession d'Halford chez Judas -
néanmoins il pourrait encore donner des leçons à bon nombre
de hurleurs. Question chant on peut toutefois regretter le départ de
Maria Mc Turk qui donnait talentueusement jusque-là la réplique à
Cooper.
Malheureusement,
force est de constater que les titres défilent sans que la
luminosité passée des mélodies ne vienne nous toucher par sa
grâce. Seul le hit potentiel 'May You Never (Walk Alone)' et 'Riches To
Rags' - sa flûte celtique et ses percussions phénoménales sont un
vrai bonheur - retrouvent ce charme d'antan. Non pas que celles-ci
soient peu soignées, mais leur impact est clairement un ton en-dessous de celles des deux précédents essais ou des mélodieuses
envolées de "X". La ballade 'Until The Day' est par exemple moins
frissonnante que 'Season's Change' ou 'Follow Me'.
Las, si
les orchestrations de l'album sont toujours autant larger than life,
ce "Devil's Dozen" nous laisse sur notre faim. On peut clairement
attendre mieux de Royal Hunt. Ce treizième opus s'écoute
agréablement, mais il manque le petit quelque chose qui avait
rendu les dernières productions du groupe moins passe-partout,
plus excitantes. Gageons que les Danois seront capables de retrouver
leur verve créatrice lors du prochain rendez-vous qu'ils nous
donneront.