Dark Quarterer est le pionnier du métal progressif épique italien, un groupe plutôt ancien puisqu'officiellement le groupe est né en 1974 et a sorti son premier album en 1987. Au gré des départs de guitaristes et de changement de maison de disques, la carrière du quartet a été en dents de scie. Toutefois "Ithaca", album concept inspiré du poème éponyme composé par le poète alexandrin Konstantine P. Cavafy et publié à titre posthume, est le troisième album depuis 2008, ce qui constitue la série de disques la plus régulière du groupe.
D'entrée de jeu, 'The Part Of Life' démontre que ces seniors du prog metal italien n'ont pas perdu leur enthousiasme. Bien au contraire, ce premier titre rappelle la folie douce d'A.C.T. ou la théâtralité des premiers albums d'Evil Masquerade. Fort du chant expressif de Gianni Nepi et de l'évident plaisir communicatif de ses trois compères, c'est un réel plaisir que procure ce morceau, qui ne souffre que d'un peu de longueur. Le reste de l'album est à l'avenant avec plus ou moins d'emphase mais donnant toujours la priorité à la mélodie et aux airs joyeux et agréables. 'Mind Torture' fait toutefois exception en s'inscrivant dans un registre caverneux et sombre avec une voix d'une profondeur cadavérique en introduction et une lourdeur à la Black Sabbath pendant le premier tiers. Les influences perceptibles effleurent également d'autres glorieux anciens tel Deep Purple et son clavier Hammond sur 'Escape' ou le début de 'Rage Of Gods' qui offre ensuite des riffs caractéristiques du metal prog. 'Nostalgia', comme son nom l'indique, est plus mélancolique et apporte une nouvelle couleur à la palette riche et variée des Italiens.
Tous les morceaux sont nourris d'un développement travaillé et harmonieusement composé sans qu'on n'ait jamais l'impression de la moindre complexité, tant les enchaînements paraissent faciles et naturels. Pourtant, à y regarder de plus près, on se rend compte que chaque titre est savamment construit, que ce soit la présence de chœurs plus ou moins originaux, du registre du chant (parfois un peu en manque de profondeur et de souffle), de la variété des riffs de guitare ou encore de la multiplicité des variations du clavier.
Si l'originalité n'est pas le point fort d'"Ithaca", sa diversité et son enthousiasme en fait une œuvre assez unique qui résume tout le savoir-faire de Dark Quarterer, et celui-ci est grand, en un peu moins d'une heure.