Dale Simmons, mutli-instrumentiste qui vient de Caroline du Sud, fait frémir les amateurs de rock progressif avec son projet Exovex présenté comme une alchimie entre le rock prog des icônes du passé et l'art-rock moderne. Pour aboutir à ce résultat, l'Américain s'est entouré de quelques pointures telles que Gavin Harrison et Richard Barbieri (Porcupine Tree) ou encore Josh
Freese (NIN, A Perfect Circle, Devo, The Vandals) et Keith Carlock
(Sting, John Meyer, Steely Dan). Fort d'une expérience variée dans des groupes aux différentes orientations (rock, jazz, fusion, funk...), Simmons s'est ressourcé en Europe et notamment en France pour finalement composer ce "Radio Silence", premier album d'Exovex, nom fait pour évoquer des fonctions mathématiques (x of x).
Alliage de mélodies subtiles et d'ambiances travaillées et délicatement ciselées, 'Stolen Wings' constitue une parfaite introduction à cette oeuvre magistrale. Après quelques bruitages mystérieux, une douce mélopée enivrante que ne renieraient pas Steven Wilson ou David Gilmour envahit l'espace sonore avant quelques passages plus rugueux mais toujours au service de la mélodie. Les six titres qui composent cet album sont tous d'une grande finesse et dotés d'ambiances savamment développées, avec plus ou moins d'effets électroniques. Ils s'appuient également sur une exécution parfaitement maîtrisée des instruments comme de la voix pour plonger l'auditeur dans une douce transe, l'album étant censé refléter les affres d'un homme à la psychologie dérangée. Chaque titre recèle une musicalité lumineuse sans trop en faire. La plongée déconstruite, voire dissonante à la fin de 'Metamorph', enveloppée dans une ambiance chaleureuse et douillette, côtoie la rage très contenue de 'Seeker's Prayer', l'ombrageux 'The Last Orbit' et le gentiment déjanté 'Dead Reckoning'. L'album se clôture sur 'Daylight (Silent Key)' aux accents presque bluesy et parfois puissants, un final aussi envoûtant que mystérieux.
La beauté de cet album réside surtout dans la façon subtile d'amener l'auditeur dans des contrées qui, à l'analyse, ne sont pas si bien balisées qu'elles en ont l'air. Le jeu de chaque instrument est d'une grande finesse constituant un écrin raffiné et délicat, tout se passe avec délectation et sans brusquerie. La mélodie est toujours au premier plan que ce soit dans les lignes de chant ou les mélopées musicales, la musique pouvant rappeler outre les grands noms déjà cités, Sound Of Contact et parfois même Tool.
Certes, il faut vouloir se laisser emporter pour faire en sorte que la magie fasse son oeuvre, sinon l'auditeur risque de plonger dans une torpeur (qui le ferait passer à côté d'un très bon moment), les envolées lyriques et les moments rugueux étant peu nombreux en dehors de quelques passages nerveux sur 'Stolen Wings', metal sur 'Reckoning Day', ou de solos saturés sur 'Daylight (Silent Key)'.
La volupté des constructions et la parfaite tenue des morceaux font de cet album une réussite absolue. La référence à Steven Wilson n'est pas galvaudée et même si on ne peut pas tout à fait crier au génie pour ce premier opus, il ne faut pas se priver du plaisir que procure ce joyau.