Trois années après le remarquable et remarqué "Moments", les Anglais de IOEarth se rappellent à notre bon souvenir. Étant donné l'excellente impression laissée par le précédent opus, c'est peu de dire que ce "New World" était guetté avec impatience, et pas seulement par David (pourquoi David ? Parce que David guetta) ...
Des changements sont intervenus dans le line-up, mais l'architecture des compositions ne devrait pas s'en ressentir, le quatuor Adam Gough (guitares-claviers) / Dave Cureton (claviers-guitares) / Christian Nokes (basse) et Luke Shingler (instruments à vents) tenant toujours leurs places en tant que musiciens et compositeurs. En revanche, pour la forme, on note l'arrivée de deux petits nouveaux, Christian Jerromes à la batterie en remplacement des deux Cureton, et Linda Odinsen au chant. De plus, Lez King est à présent crédité au violon.
Ces ajustements, sans changer fondamentalement l'esthétique musicale d'IOEarth, qui reste dans un progressif symphonique teinté d'accents world, entraînent quelques réorientations. La rythmique a gagné du peps, Christian Jerommes n'hésitant pas à user de la double pédale pour booster quelques fins de morceau ('Rédemption', 'New World'), soulignée en cela par des riffs de guitare bien pesants ('Colours', quasiment hard-rock) et des soli mordants ('Insomnia'). Les vocaux sont très majoritairement féminins et l'utilisation renforcée du violon tire les ambiances vers Frequency Drift ('Trance'). Au jeu des influences - ou rapprochements -, les touches de musique world rappelleront Unitopia ('Morning', magnifique ambiance), et certains passages paraissent très cameliens ('The Rising', tout en douceur).
Dans ce long opus de plus de 100 minutes, il n'y a quasiment aucun temps mort (à part 'Dreams', languide). L'album se reçoit avec un intérêt constant, multipliant les télescopages de styles et de rythmes ('Collision', bien nommé), marque de fabrique du groupe, avec cette surprenante capacité à basculer d'un style à un autre. Par rapport à "Moments", "New World" apparaît toutefois un peu plus lisse, abandonnant les rythmes électro au profit d'un dynamisme plus aigu, mais bénéficie d'une coloration moins typée, même si l'utilisation de l'EWI (Electronic Wind Instrument, un dispositif qui permet de piloter un synthétiseur à parti d'un instrument à vent) apporte des tonalités intéressantes. Les connotations world sont un peu moins marquées, ce qui peut légèrement décevoir. Il n'empêche qu'avec une production devenue plus pointue, une immense qualité de composition développant une belle variété d'ambiances, IOEarth nous propose un disque de world prog intelligent et stimulant. Belle réussite !