Certains disques sont enfantés dans des circonstances tragiques. "Brush With The Moon" fait partie de ces albums dont la genèse est bien triste. Quill est un groupe britannique qui existe depuis de nombreuses années et qui préfère réserver son énergie pour la scène plutôt qu'à enregistrer des albums studio. En 2012, le bassiste du groupe, et mari de la chanteuse, Ben Brain, décède, laissant derrière lui un lot de compositions et quelques dessins destinés à un futur album. Ce sont ces compositions et ces dessins (dont celui de la pochette) que Joy Strachan-Brain décide de porter à la connaissance du public trois ans après son veuvage.
Ceux qui connaissaient déjà Quill trouveront probablement certains airs familiers. En effet, la moitié des titres de l'album est déjà présente sur deux EP parus précédemment: "Life is Life" ('Nine Miles Camp' et 'Hollywood Blues') et "England" ('England', 'Tumbling Years' et 'Twister'). Le groupe joue dans un registre folk-rock calme et mélancolique se teintant parfois de country et de blues. Les guitares acoustiques sont à l'honneur, accompagnées plus ou moins épisodiquement des traits d'un violon, des arpèges d'un piano, voire d'un banjo. Malgré la présence de deux batteurs/percussionnistes, dont Bev Bevan (ELO, Black Sabbath), la rythmique reste d'une discrétion remarquable. Les titres sont chantés tantôt par une voix féminine (Joy Strachan-Brain), tantôt par des interprètes masculins, tantôt par un duo mixte, et souvent ornementés d'harmonies vocales.
En dépit de cette richesse affichée et de la délicatesse qui le nimbe, que ce soit celle de l'interprétation ou de la production, limpide, "Brush With The Moon" s'avère un peu monotone. Les chansons sentimentales se suivent et se ressemblent, noyées dans une douceur et une mélancolie qui n'évitent pas toujours la mièvrerie. Le recours systématique à un chant mezzo voce finit par lasser et donne une impression de manque de dynamisme. Les mélodies se cantonnent dans un registre folk celtique ou country sans surprise frisant parfois la pop gentillette ou les musiques romantiques et naïves des films d'animation de Disney, mais sans les dessins animés. Seul 'Man In White' qui clôt l'album sort quelque peu de ce schéma avec son ambiance sombre et ses samples inquiétants évoquant semble-t-il les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis.
Le reste n'est qu'ambiance cosy où l'on s'imagine blotti au chaud, dans les bras de la femme (ou de l'homme) de sa vie, son labrador affalé au pied du sofa, à siroter son whisky en regardant les bûches brûler dans l'âtre d'une cheminée en pierre. Tous ceux qui ont le goût du folk celtique et des mélodies sucrées succomberont sans peine au charme de cet album. Les autres feront comme moi : ils s'ennuieront bien vite.