Alors que "Night Of The Crime" (1985) aurait dû lui ouvrir les portes de la reconnaissance que ses qualités justifiaient, Icon se retrouve à traverser une crise suite au départ de son chanteur. En effet, Stephen Clifford décide de quitter ses camarades de jeu pour des raisons personnelles à peine l'album paru. Après quelques concerts assurés par Steven Young, le poste est finalement confié à Jerry Harrison, vocaliste à l'organe puissant et mélodique qui n'est pas sans rappeler un certain David Coverdale. Renforcé par le claviériste Kevin Stoller, Icon enregistre un nouvel opus intitulé "More Perfect Union" en 1987. Malheureusement, ce dernier ne paraîtra qu'en cassettes vendues lors des concerts du groupe qui perd son contrat avec son label (Capitol). Mais Dan Wexler n'est pas du genre à baisser les bras et, alors que John Aquilino finit par quitter définitivement la formation de Phoenix qu'il ne fréquentait plus que par intermittence, Icon enregistre enfin son troisième album officiel intitulé "Right Between The Eyes".
Produit par le guitariste et leader du groupe (épaulé par Ed Trunk et Dan Zelisko, spécialistes du hard rock sur les radios US), ce nouvel opus tant attendu bénéficie également de la présence d'un invité prestigieux : Alice Cooper. Ce dernier intervient sur deux titres ('Two For The Road' et 'Holy Man's War') auxquels il apporte sa voix roublarde et malsaine, et valide ainsi la crédibilité du retour aux affaires d'Icon. Enfin, le line-up se voit également renforcé par Drew Bollmann qui remplace Aquilino au poste de second guitariste. Bien que crédité, il ne participe cependant pas à l'enregistrement de "Right Between The Eyes". S'il n'est pas certain que cet opus puisse faire sortir les Arizoniens du relatif anonymat dans lequel ils ont sombré depuis les 4 ans qui le séparent de "Night Of The Crime", il n'en demeure pas moins pétri de qualités.
Porté par la superbe voix de Harrison, les compositions réalisent le délicat assemblage de la puissance et de la mélodie auquel viennent régulièrement s'arrimer des refrains accrocheurs et des riffs rutilants. Lancé par une grosse section rythmique, le titre éponyme met l'ensemble sur des rails dont il ne sortira que très rarement sans pour autant tomber dans la redite. Oscillant parfois vers un hard-bluesy digne de Whitesnake dont il emprunte même le groove ('Bad Times') sans sombrer dans la simple copie, le quintet n'en oublie pas pour autant le hard mélodique qui lui avait tant réussi sur "Night Of The Crime", intégrant des nappes de claviers bien présentes sur 'A Far Cry' qui n'y perd pas en puissance, 'In Your Eyes', mid-tempo dynamique aux accents de Foreigner, ou sur la ballade 'Forever Young' bénéficiant d'une belle ligne de basse. Enfin, Icon se montre également ambitieux à l'occasion d'un 'Holy Man's War' étalant son ambiance apocalyptique sur plus de 7 minutes d'une fascinante obscurité.
Si l'on excepte les cris de Harrison qui peuvent se révéler un brin irritants en se répétant au début de presque tous les titres, "Right Between The Eyes" se révèle un superbe album d'un hard-rock racé et étincelant alliant puissance et mélodie pour un résultat accrocheur sans être révolutionnaire. Reste à savoir s'il sera suffisant pour qu'Icon remonte la pente sur laquelle il a glissé après les années d'errance qu'il vient de traverser. De plus, après un premier opus œuvrant plutôt dans un glam-metal, et un deuxième aux accents plus FM, il existe un risque réel de voir le public ne pas suivre Wexler et sa bande dans ce nouveau virage artistique, ce qui serait dommage pour un album de ce niveau.