Ork est un nouveau projet mené par le chanteur et producteur italien Lorenzo Esposito Fornasari (ou Lef), et le guitariste Carmelo Pipitone. Très honnêtement, leurs noms ne résonnent guère à mes oreilles et les groupes auxquels ils collaborent non plus (Beserk!, Marta Sui Tubi). En revanche, afin de se faire remarquer (mais pas seulement), les deux compères se sont adjoints une section rythmique dantesque, propre à faire rêver tout groupe de progressif adepte de complexité. Ce sont en effet rien moins que Colin Edwin (Porcupine Tree entre autres) et Pat Mastelotto (King Crimson notamment) qui viennent compléter le quatuor, qui nous délivre en cette année 2015 son premier opus intitulé "Inflamed Rides".
Et comme pour faire honneur à leur patronyme, la galette démarre avec un furieux 'Jelly Fish' qui, dès les premières notes délivrées par une basse lourde et une guitare ultra-précise, va immanquablement rappeler un certain Tool. Impression vite confirmée dès le premier refrain, Lef venant hurler les paroles sur fond d'instruments aux sonorités distordues, dissonantes, le tout soutenu par une batterie se jouant allègrement des temps, contretemps et autres mesures alambiquées.
Ambiances sombres proches du nu-métal, structures complexes – math-rock diront leurs auteurs -, voilà le style dégagé par les premiers instants de "Inflamed Rides" : dépressifs ou romantiques, s'abstenir. Malgré les quelques instants de répit, incarnés par exemple par la présence d'un violoncelle ('Pyre'), l'ensemble se reçoit comme une immense baffe en plein buffet, les accompagnements électro trafiqués en tous genres ne faisant qu'accroître un peu plus la tension qui s'installe au fil des minutes. Et celle-ci va perdurer durant les trois quarts de l'album, culminant avec le court mais intense 'Vuoto', avant que 'Dream of Black Dust' n'annonce avec sa trompette sur fonds synthétiques une fin plus tranquille, plus mélodique malgré tout ('Funny Games'), et carrément atmosphérique pour finir ('Black Dust').
Dans son communiqué de presse accompagnant la promotion de l'album, le groupe précise que sa musique est difficilement catégorisable, et nous ne pouvons qu'approuver cette affirmation. Le rock progressif ici présent reste néanmoins très sombre, très technique, et délivré par des instrumentistes de top niveau. Les amateurs des albums les plus récents de King Crimson ou les aficionados de Tool apprécieront très certainement l'effort. Pour ma part, cette musique reste définitivement bien trop froide pour déclencher chez moi la dose d'émotions que j'attends de la musique. Ma note sera donc très subjective, et devra être mise en rapport avec ce qui précède.