Qui se souvient de The Chocolate Watchband, ce groupe originaire de la Baie de San Francisco, qui sorti 3 albums le temps d’une brève carrière plus ou moins chaotique dans les années 60 ? Peut-être est-ce dû à un mauvais management ? A moins que leur nom les ait desservis (à l’époque, les tourneurs imaginaient qu’ils étaient noirs à cause du "chocolate") mais le groupe n’a probablement pas eu la carrière qu’il méritait à l’époque.
Cette formation garage-rock psyché, voire proto-punk (au regard de ses sonorités parfois agressives) fait partie de toute une cohorte d’artistes plus ou moins oubliés que la célèbre compilation "Nuggets : Original Artyfacts from the First Psychedelic Era 1965-1968" (sortie en 1972 et rééditée depuis par Rhino en 1992) a permis de (re)mettre en lumière. On y retrouve The Electric Prunes, The Seeds ou encore 13th Floor Elevator, des formations qui connaissent depuis quelques temps et encore aujourd’hui une seconde chance salutaire pour la découverte de leur catalogue.
En ce qui concerne The Chocolate Watchband, si leurs influences sont à chercher du côté des Rolling Stones du début de carrière, à savoir un rock sous forte influence blues, la formation n’a pas hésité à s’aventurer au sein de territoires plus psychédéliques, en témoigne ‘The Inner Mystique’, leur deuxième album et morceau-titre que l’on retrouve en fin de la compilation qui nous intéresse présentement. Car oui, "I’m Not Like Everybody Else", en plus d’être une (excellente) reprise des Kinks, est bien une compilation de 13 titres issus du répertoire du groupe et réinterprétés par la formation actuelle encore en activité.
C’est sûr, on pourrait trouver tout ça un peu dépassé, voir quelque peu has-been mais le revival psyché/garage qui sévit depuis quelques années amoindrit considérablement cet effet, et on se retrouve avec un album qui peut figurer sans trop de difficultés aux côtés des formations psyché actuelles comme Tame Impala, Temples ou encore Ty Segall (pour son aspect garage rock).
La force de The Chocolate Watchband, en plus de son chanteur à la voix rocailleuse, réside probablement dans son art de la reprise ('I’m Not Like Everybody Else', 'It’ All Over Now Baby Blue' de Bob Dylan) autant que dans l’interprétation de ses propres compositions ('Gone and Passes by' ou les Rolling Stones sous trip oriental, 'Sweet Young Thing' à la dynamique très Yardbirds). En bref, rien de révolutionnaire (à l’heure actuelle) mais une compilation recommandée à condition de ne pas être réfractaire aux sonorités psyché/blues rock des années 60.