La sortie de ce "Legacy" des Anglais de Praying Mantis
est une des bonnes nouvelles de la rentrée, tant il est vrai que les
fans commençaient à désespérer en voyant défiler les années
depuis l'excellent "Sanctuary". Six ans de patience, une véritable
traversée du désert pour les aficionados.
Dans la compil "Metal For Muthas" sortie en 1980, on
pouvait trouver 'Sanctuary' et 'Wrathchild' d'Iron Maiden mais on pouvait
également écouter 'Captured City' de Praying Mantis. C'est vous dire
si la bébête - pour les réfractaires à la langue de Shakespeare,
Praying Mantis c'est une mante religieuse - a la peau dure, en tous
cas autant que celle du père Eddy.
Dixième album du groupe, si on
compte le deuxième opus ("Throwing Shapes") sorti sous le nom de Stratus
(quelle idée saugrenue!), ce "Legacy" nous est proposé quarante-deux
ans (!) après la naissance du groupe.
L'insecte vert
est connu pour son impitoyable voracité et il semblerait que les
vocalistes soient à son goût puisque John Cuijpers, le nouveau
chanteur, est le onzième du nom. Nous avons déjà croisé cet
adepte des tributes - notamment de Dio - sur un album d'Ayreon. Il
est encore plus remarquable que Mike Freeland son prédécesseur et
affiche quelques ressemblances vocales avec Bernie Shaw (Uriah Heep).
Praying Mantis,
qui œuvre dans un hard rock solide et teinté d'AOR, a construit sa
réputation sur les qualités très mélodiques de ses compositions,
ses rythmiques charpentées et ses twins guitares. Le combo doit
aussi sa notoriété à sa mascotte née sous l'habile pinceau de
Rodney Matthews. "Legacy" respecte ces constantes et l'artiste, qui
n'avait plus esquissé l'insecte depuis quatorze ans (sur "Predator In
Disguise"), reprend ici du service avec le talent que nous lui
connaissons.
"Legacy" est
réussi de bout en bout. Le combo enfile les mélodies accrocheuses
comme des perles sur un collier, en alternant les titres pêchus sur
des rythmes parfois rapides ('Second Time Around' en point d'orgue de
l'opus) et les morceaux plus AOR qui flirtent fréquemment avec
Journey. Les passes d'armes des twins guitares ramènent quant à elles forcément à
Thin Lizzy. Accordons une mention spéciale au fort branché
NWOBHM 'Fight For Your Honor', qui accorde à l'opus une entrée en
matière entraînante et nostalgique, et au magnifique mid-tempo
'Tokyo'.
Les frères
Troy ont pris leur temps pour concevoir ce dixième album, mais le
produit de leurs efforts est vraiment à saluer. Ils ont su garder
leur apparats d'antan - "Legacy" est sacrément teinté 80's dans
l'approche des mélodies - tout en parvenant à éviter le piège de
la stagnation qui aurait pu rendre l'ensemble
désuet. Les pièces interprétées, de par une production claire et
puissante, exhalent en effet des sonorités résolument modernes.
Aussi, ne
passez surtout pas à côté de cet album de hard rock mélodique de
la rentrée, vous risqueriez peut-être bien de rater le meilleur
opus du genre de cette fin d'année. Up the mandibles !