Déçu de l'évolution d'un Jethro Tull tournant le dos au blues des origines, le guitariste Mick Abrahams était parti fonder Blodwyn Pigs, en digne gardien du temple blues, puis a poursuivi une carrière solo prolifique. Malheureusement, en 2009 une attaque cardiaque due à la maladie de Menière avait failli précipiter la fin de sa carrière. Et pourtant en 2015, à l'image de sa truculente pochette, Mick Abrahams décide de marquer ses 75 printemps d'une pierre blanche avec 'Mick Abrahams Revived', prouvant qu'il est toujours vivant. Mais l'homme est-il encore le monstre qu'il était?
Pour le retour de la bête, le guitariste a décidé de se livrer à l'exercice de l'album de reprises. Au programme des festivités, il peut compter sur la présence d'invités prestigieux comme Paul Jones, le chanteur de Manfred Mann, Bernie Marsden, le guitariste de Whitesnake, Geoff Whitehorn, guitariste d' If et Procol Harum, Jim Rodford, le batteur de The Kinks, Bill Wyman, l'ex-bassiste de The Rolling Stones, ou encore, ironie du sort, le guitariste Martin Barre, qui avait remplacé au pied levé Mick Abrahams au sein de Jethro Tull.
Mick Abrahams a privilégié non pas une approche élitiste, mais plutôt marquée par l'éclectisme, laissant des espaces de jeu généreux à ses invités (exemple parmi tant d'autres, Pete Eldridge chante le premier titre qui est une reprise de Blodwyn Pig) et ne se limitant pas stricto sensu au blues. L'auditeur naviguera de la puissante ouverture de 'Summer Day', sur laquelle Mick Abrahams réalise un solo de guitare parfait, à la soul de 'I'm A Hog For You' (chanté par Beverley Skeete), au fleuve mélodique qu'est 'Dragonfly, en passant par l'inusable 'On The Road Again' plus poisseuse que l'originale, jusqu'au rock and roll endiablé de 'Boney Moroney'. Le second degré n'est jamais trop loin comme en témoigne la reprise ensoleillée de The Coasters 'What About Us'. Le maître s'autorise même quelques passages derrière le micro, comme sur la ballade 'Remember'. Mais c'est sur l'émouvante 'Goodbye Irene' que la voix de Mick Abrahams nous fait regretter qu'il n'ait pas choisi d'occuper un rôle plus central de chanteur sur ce présent album.
L'objet du délit étant de se faire plaisir, la contagion ne peut être assurément endiguée. A 75 ans, Mick Abrahams est non seulement encore bien vivant, mais en plus son instrument lui obéit encore aux doigts et à l'oreille. Un album rafraîchissant qui vous donnera envie de vous replonger dans l'âge d'or des années 60-70. A noter que certains canaux de vente permettent d'obtenir en cadeau le DVD bonus de 30 minutes "Behind The Scenes".