The Murder Of My Sweet ... voilà
un nom bien étrange. Cet énième groupe suédois a certainement
apprécié le film américain de 1944 "Murder, My Sweet" ("Adieu, Ma
Belle") - adaptation d'un roman de Raymond Chandler - au point de s'en
souvenir 62 ans plus tard quand il s'est formé car le
groupe prétend jouer du rock cinématique. "Beth Out Of Hell", leur troisième album,
vient de débarquer sur nos platines.
Daniel Flores est toujours
aux commandes, celles des claviers, celles de la batterie et celles
de la production, accompagné à nouveau de la gironde Angelica Rylin à qui il laisse généreusement le micro. Seul le bassiste est
finalement nouveau dans le club. Ceci dit, le détail n'est pas capital
puisqu'on ne l'entend guère. Mais nous y reviendrons.
Cet album, une fois de
plus, surprend par son imprégnation stylistique. En effet,
contrairement à "Divanity" (2010) qui était d’obédience hard rock
mélodique et à "Bye Bye Lulaby" (2012) qui flirtait avec le hard rock
FM limite pop, "Beth Out Of Hell" nous la joue hard rock/pop
symphonique et progressif. Personne ne pourra avancer que le combo
reste calé sur ses idées d'appartenance musicale.
Il est fort probable que
les spécialistes auront noté que "Beth Out Of Hell" sonne un tantinet
"Bat Out Of Hell", premier album sorti en 1977 de l’inénarrable
Meat Loaf. Une ressemblance pas forcément fortuite tant on
pourrait croire à l'écoute de cet opus que Jim Steinman, qui a
écrit les plus grands succès de Meat Loaf, a rendu visite - façon
muse - à Daniel Flores durant ses longues soirées de cogitations
musicales lorsqu'il planchait sur son nouveau bébé.
Treize
titres vous attendent ici, pour plus d'une heure dix de musique. Le
ton est plus hard rock que métal. Symphonique et progressif, il
comporte de fréquentes incursions vers la pop mélodique - Abba est
né en Suède, que diable ! - mais les ambiances sont toutefois plus
sombres que celles dessinées par les précédents essais. Il nous est seriné sur la Toile que cet opus est un concept-album dont le thème est l'amour éprouvé par l'une des filles de Lucifer pour pour l'archange Gabriel. Les titres
se succèdent dans un fondu-enchaîné perclus, dans leurs
interstices, de bruitages et de voix off. Voilà comment justifier
l'étiquette concept-album.
Las,
à l'instar de sa thématique précitée, l'ensemble ne déchaîne
pas les passions. En effet, mis à part les trois premiers titres
suivant l'intro et un 'Humble Servant' mélodiquement mémorable, on
s'ennuie ferme, notamment sur 'Requiem For A Ghost' et 'Means To An End', les deux pavés de dix minutes du concept. Le souci vient
vraisemblablement à la fois des baisses d'inspiration mélodique - les mélodies restent bien plus anecdotiques que celles auxquelles le groupe
nous avait habitués - mais également du fait que le mixage de
l'album rend la basse et la guitare quasiment inaudibles En effet, la batterie
et les synthés absorbent tout l'espace sonore, laissant Angelica
tenter de tirer son épingle du jeu. Mission pour laquelle elle
mérite de se voir agrafer une médaille sur son plastron que d'aucuns trouveront généreux.
Voilà
donc un troisième album qui rate le coche - ce qui est souvent le
cas - et qui va vraisemblablement amener The Murder Of My Sweet à
rentrer dans le rang après avoir créé, avec ses deux premiers opus,
un buzz prometteur sur le Net. Il va falloir que Flores retrouve
l'inspiration s'il ne veut pas voir son projet passer aux oubliettes,
car Angelica ne va pas éternellement attirer à elle seule
l'attention des hordes chevelues pour qui la plastique c'est
fantastique, mais ça ne fait pas tout.