Si c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes, c'est parfois également avec les "vieux" musiciens que l'on fait les meilleures surprises. Magic Pie est un jeune groupe de musiciens expérimentés qui, avec leur premier album, affichent une carte de visite pour le moins intéressante.
Première constatation en visitant leur site : on a ici une bande de musiciens aux influences très variées, allant de Simple Minds ou Tower Of Power, pour le bassiste, aux Flower Kings et Spock's Beard, pour le guitariste, en passant par un batteur qui évoque comme référence le Made In Japan de Deep Purple. Avec tout cela, il aurait été difficile de construire un groupe sans originalité.
Le résultat est donc tout ce qu'il y a de plus plaisant, à commencer par le morceau d'entrée, Change, qui du haut de ses 20 minutes donne une bonne claque en guise d'apéritif. Les Flower Kings et Spock's Beard n'ont qu'à bien se tenir, la relève est là. Mais le discours ne s'arrête pas là et la diversité des styles est l'une des premières choses que l'on retient d'un tel album. Certes, on reste dans le rock progressif ou le bon vieux rock des années 70's. Pas de délires latino, jazz ou valses comme dans beaucoup de groupes qui mélangent tout et n'importe quoi, mais pas de ligne directrice claire non plus et ces compositions donnent envie de ressortir des placards tant un Stardust We Are (Flower Kings) ou un Snow (Spock's Beard) qu'un Song For America (Kansas) ou un Machine Head (Deep Purple).
Pas de technicité démonstratrice non plus, mais une maîtrise parfaite du sujet et un droit à la parole pour chacun des membres. A côté du complexe "Change" se côtoient des morceaux "bruts" et diablement efficaces tel ce fabuleux "Without Knowing Why" sur lequel il est difficile de ne pas s'attarder.
Pourtant, un bémol se présente car si la diversité est de mise tout en évitant des délires indigestes, la facilité est parfois trop évidente et l'on tombe facilement dans les recettes éculées et désormais lourdes. Ainsi, certains passages de la fin d'Illusion And Reality Part 1 sont très décevants par leur côté "Goldman de la fin des années 80's" et que dire de la Part 3 semblant sortie du cerveau d'un spécialiste des bals à papa ? C'est dommage car l'ensemble est réellement plaisant et très prometteur. On attend la suite avec impatience...