Après un premier album politiquement incorrect et qui lui aura valu des interdictions de concert, le groupe -qui faute d'avoir le droit d'utiliser son nom prend pour signe de reconnaissance le cerf- n´a pas mis d´eau dans son vin pour la confection de son deuxième album au titre suggérant une remise en cause politique. Mais à vouloir jouer avec le feu, les provocations du groupe se sont-elles refroidies?
''Nova Akropola'' est l'album jumeau de ''Laibach''. L'auditeur déjà secoué arrive en terrain connu. 'Vier Personen' déploie son artillerie de rythmes minimalistes et répétitifs qui ressemble à un peloton d'exécution. 'Krvava Gruda Plodna Zemlja' ne laisse aucune ambigüité sur le sort des victimes, passées à tabac par les rythmes martiaux tandis que Milan Fras déclame une poésie patriote. Le titre éponyme avance masqué au son des claviers lugubres et des nappes fantomatiques. Sur cet album, le groupe innove par un travail d'expérimentation de sons et des voix (sur 'Krvava Gruda' , 'Vade Retro' qui ressemble à une version infernale de 'Boadicea' d'Enya, ou encore le bruit des bottes couplé à un violoncelle des ténèbres sur 'Ti Ki izzivaš').
Mais c'est toujours grâce au charme magnétique du timbre rocailleux de Milan Fras que le groupe trouve un point d'ancrage dans les consciences populaires. Sur le titre éponyme, sa voix lugubre et légèrement déformée semble émerger des frimas d'un monde chtonien. Le même effet est réussi sur 'Die Liebe', avec en prime un chant allemand déposé sur des rythmiques plus directement orientées rock industriel. A contrario, Milan Fras réussit un grand écart avec 'Voljna Poema', où soutenu par des orgues et un piano, il nous offre un véritable moment de bravoure proche de l'opéra, ce qui constitue une pause entre deux éprouvantes séances d'holocauste à un dieu national-socialiste. Une façon de prouver que le groupe est pourvu d'un sens de l'humour particulier mais qui fait mouche.
Les singles du précédent album, l´efficace 'Drzava', ses trompettes wagnériennes et son discours du maréchal Tito, 'Panorama', librement inspiré de 'Mars' de Gustav Holst, qui pourrait faire office de tube nazi, et le syntpop 'Decree' viennent compléter ce disque.
L´atmosphère est toujours aussi irrespirable que sur le premier album. Le groupe ne laisse guère de place à la mélodie et n´a pas encore commencé sa phase de contamination des genres que l'on retrouvera sur l'album prochain.