Depuis sa création en 2002, le combo allemand Eat The Gun enchaîne les albums sans que cela fasse le moindre bruit en France. Son précédent opus studio ("Stripped To The Bone" – 2013) marquait une certaine réorientation, en particulier au niveau de la production confiée à Stephan 'Gudze' Hinz (H-Blockx). La nouvelle identité du trio pourrait se résumer comme oscillant entre un mélange alliant la puissance du Hard-Rock, l'énergie du Neo-Punk et les refrains accrocheurs de la Pop, amalgame auquel le groupe originaire de Münster ajouterait de temps à autres quelques éléments electro. Ayant littéralement vécu en studio pendant plusieurs mois, il n'est pas difficile d'imaginer à quel point l'équipe menée par le chanteur et guitariste Hendrik Wippermann s'est investie dans ce "Howlinwood", ni les retours qu'elle en espère.
Le format du groupe et l'énergie qu'il dégage n'est pas sans rappeler les Canadiens de Danko Jones, comme sur ce 'Falling' aux guitares AC/DCiennes. Les refrains sont très souvent hyper-accrocheurs, et l'on se surprend à les fredonner plusieurs heures après leur écoute. A ce titre, le début d'album est tout bonnement imparable, d'autant qu'il varie les ambiances. Après que le titre éponyme a ouvert les hostilités avec son riff crasseux et son refrain popisant, et que 'Falling' a enfoncé le clou, 'How Does It Feel' entraîne l'auditeur dans un détour vers des territoires plus electro qui ne sont pas sans rappeler Linkin Park. Le carré d'as est complété par un 'Blood On Your Hands' à la joyeuse méchanceté avec ses guitares bien grasses et un refrain toujours aussi réussi.
Après un 'Old Friend' qui ralentit le tempo en apportant un repos salvateur avec ses couplets électroacoustiques, la suite est moins indispensable malgré quelques pièces intéressantes. 'Take It Away' et 'Trouble Magnetic' sont accrocheurs mais leur approche Neo-Punk, si elle reste efficace sur le refrain, n'en est pas moins un peu trop simple (simpliste ?). Par contre, 'Electric Life' profite de l'intervention de John Konesky (Tenacious D) pour un résultat frais et efficace qui peut évoquer par exemple le Sleaze d'un Backyard Babies. A noter également le heavy-blues-electro d'un 'The Drudge' qui ralentit le rythme pour nous amener tranquillement vers le final acoustique d'un 'Anger' à la mélancolie désinvolte sans être indispensable.
Avec "Howlinwood", Eat The Gun propose donc le profil typique de l'album ayant tous les atouts pour cartonner sur les radios mais qui laissera de marbre les amateurs d'une musique plus profonde, voire plus personnelle. Non pas que les Allemands n'aient pas une identité propre, mais celle-ci ressemble plus à un agrégat d'éléments récupérés chez différentes sources d'inspiration qu'à une créativité intime et originale. Un opus qui fera passer un bon moment aux amateurs d'une énergie directe et immédiate mais qui manque de profondeur pour ambitionner de s'imposer comme une œuvre incontournable.