C'est toujours avec un plaisir quelque peu frénétique que votre serviteur glisse entre ses oreilles chaque nouvelle production de Blackmore's Night qui, rappelons-le une nouvelle fois pour les lecteurs étourdis, est le groupe formé par Ritchie Blackmore – ex guitariste de génie de Deep Purple et Rainbow – et sa compagne Candice Night - ancienne choriste de Rainbow -, formation nous proposant depuis presque 20 ans et une dizaine d'albums une musique folklorico-médievalo-acoustico-électrique, reprenant à l'occasion des titres des groupes d'origine des deux principaux protagonistes.
Pour cette nouvelle production, mon œil fut immédiatement attiré par la 5ème ligne de la track-list, mentionnant un certain 'Moonlight Shadow', et je décidai de commencer l'écoute par cette reprise du titre le plus célèbre de mon Dieu musical personnel. Et là, quelle déception ! Sur une rythmique bancale, la mélodie se retrouve amputée de toute personnalité, tandis que le sieur Blackmore nous transforme le solo original en une pauvre reprise de la mélodie … bref, essai non transformé, et impression plus que négative avant de reprendre l'écoute de l'album depuis le début.
C'est tout d'abord le single 'All Our Yesterdays' qui, là encore, ne brille pas par son charisme et ne parvient pas à accrocher durablement l'oreille avec son refrain sautillant quelque peu pompier. La suite s'avère heureusement de bien meilleure facture. Entre titres aux contours celtiques ('Allan Yn n Fan' ou encore le splendide 'Long Long Time'), morceaux enjoués et entraînants aux refrains imparables ('Will o' the Wisp', 'The Other Side'), Blackmore's Night retrouve ses ingrédients habituels, mêlant instruments traditionnels et électriques à la sublime voix de Candice Night. Résultat imparable.
Et puis, pour conserver un lien avec le passé, le ténébreux Ritchie rebranche de temps en temps l'électricité, sublimant les deux dernières minutes du planant 'Darker Shade of Black', ou y allant de quelques saillies sur les titres les plus dynamiques ('Where are we Going From Here').
Enfin, il convient de noter qu'après la déception "oldfieldienne", le groupe nous prouve avec 'I've Got you Babe' qu'il est toujours capable de reprises intelligentes et réussies, la condition cette fois étant de s'éloigner quelque peu de l'original.
Pour terminer, signalons un dernier point concernant la production qui s'ingénie régulièrement à faire passer les lignes de guitare d'une oreille à une autre, sans que cela ne paraisse justifié, pour un effet inutile.
Vous l'aurez compris à la lecture de ces quelques lignes, ce nouvel album de Blackmore's Night se révèle certes une nouvelle fois agréable à écouter mais, une fois n'est pas coutume, présente quelques points négatifs que l'on ne retrouvait pas dans leurs précédentes productions, sans toutefois que cela ne soit rédhibitoire.