De tous les projets auxquels Glenn Hughues a prêté sa voix, Voodoo Hill demeure sans doute un des moins exposés. Ce qui est d'autant plus dommage que sa collaboration avec Dario Mollo, guitariste aussi talentueux que sous-estimé, a donné naissance entre 2000 et 2004 à deux albums solides sans être incontournables, dont le premier et éponyme qui comprenait notamment une énergique reprise du Deep Purple Mark III, 'The Gypsy', pierre précieuse extraite de "Stormbringer", l'un des trois disques que le bassiste a gravé avec les Anglais et d'ailleurs celui où son influence est la plus visible.
Après avoir ressuscité, il y a trois ans, The Cage, le groupe qu'il anime avec l'ex-chanteur de Black Sabbath, le tout aussi sous-estimé Tony Martin et le mercenaire de la quatre cordes, Tony Franklin, Mollo s'associe de nouveau à l'ancien Purple. "Waterfall" est le fruit de ces retrouvailles. Si l'on préfère bien entendu lorsque le chanteur pose sa voix miraculeusement intacte après toutes ces années sur la musique composée par Tony Iommi ou par le trop éphémère Black Country Communion, ne boudons pas notre plaisir à l'écoute de cet opus émaillé de bonnes compositions, lesquelles nous permettent encore une fois de goûter au timbre magique du dinosaure ('Waterfall'), ce qui n'a pas de prix.
Bénéficiant d'une prise de son plus puissante que ses devancières, cette troisième rondelle s'inscrit toutefois dans leur sillage, comme si rien n'avait changé depuis dix ans. Voire depuis plus longtemps encore, en ce sens où le guitariste semble être resté bloqué dans une faille temporelle, celles des années 70 et 80, ce dont on ne se plaindra pas. Disciple de l'école Blackmore, l'homme est attaché à un hard rock à l'ancienne racé et mélodique, comme l'illustre l'énorme (le meilleur du lot et de loin) 'Underneath And Down Below' qui convoque lors d'une partie instrumentale du feu de dieu, le fantôme de Rainbow et du Malmsteen de la grande époque.
Son art se révèle cependant plus heavy que celui forgé par Ritchie. Héritier également de Tony Iommi, Dario aime mouliner des riffs bien lourds dans la tradition du gaucher ('Eldorado', Karma Go'). Mais, ne possédant ni le génie ni l'inspiration de ses deux muses, l'écriture de l'Italien se cantonne malheureusement à la série B, ce qui n'est pas péjoratif.
Bref, c'est bien fait, ça s'écoute agréablement, même si certains titres pèchent par leurs traits inodores ('All That Remains'), sans pour autant marquer durablement les esprits. Bon disque au demeurant, théâtre de belles lignes de guitare et de chant, "Waterfall" ne devrait toutefois pas modifier la réputation, mineure bien que carrée et généreuse, de Voodoo Hill.