Formé en 2004, ce n'est que neuf ans plus tard que la carrière de Black Trip démarre vraiment, en livrant (enfin) un premier album, "Goin' Under", long tunnel qui peut sans doute s'expliquer par le peu de temps que son principal fondateur, Peter Stjärnvind, a à lui accorder pendant toutes ces années, trop occupé entre Entombed dont il est le batteur entre 1997 et 2006, Nifelheim, Krux et bien d'autres encore.
Son agenda le lui permettant désormais, ce véritable mercenaire de la scène extrême suédoise semble vouloir maintenant se concentrer sur ce projet dans lequel il tient la guitare (et autrefois la basse). Autour de lui, nous retrouvons une belle brochette de musiciens au sombre pedigree, de Dismember à Necrophobic, de Ordo Inferus à Exhumed. Bref, du lourd, du evil, du qui ne rigole pas.
Etonnamment ou non, Black Trip ne braconne pourtant pas sur ces champs démoniaques ou putrides, mais galope à travers les terres d'un heavy metal franchement old school, celui des premiers Maiden. En moins punk et plus lisse toutefois car gorgé de mélodies racées. Qualité qu'il doit autant au chant de Joseph Tholl (Enforcer) qu'à ses lignes de guitares certes nerveuses mais surtout entêtantes.
Le résultat est cette seconde cuvée, baptisée "Shadowline", collection d'hymnes tous plus imparables les uns que les autres, serrés dans ce menu râblé d'une petite quarantaine de minutes. Comme souvent avec les Suédois, l'album est difficile à prendre en défaut. Dépouillée, la prise de son claque et reste moderne, ça joue bien, au point de croire que le heavy coule dans les veines de ces gars depuis toujours, ce qui est peut-être bien le cas d'ailleurs.
Rien à dire donc, tout y est. Une seule écoute suffit pour être ferré, grâce à cette science immuable du riff qui fait mouche, de la mélodie accrocheuse qui s'imprime durablement dans la mémoire, de 'Die With Me', qui ouvre les portes jusqu' au point final 'Coming Home'. Lent parfois, à l'image du reptilien 'Subvisual Sleep' qui trace des lignes fascinantes, bien que le plus souvent rapide, lancé comme un bolide, "Shadowline" va à l'essentiel.
Opus simple et sans fioritures, son magnétisme trahit cependant un vrai travail d'orfèvre ('Sceneries'), expliquant sa réussite et sa supériorité par rapport à tous ses concurrents aux regards braqués dans le rétroviseur du passé. Tout aussi nostalgique et peu original, Black Trip a pour lui cette inspiration d'une classe insolente et naturelle qui fait la différence et lui permet de s'élever bien au-dessus du banal trip vintage à la mode. Il paraît ainsi bien difficile de résister à cet album taillé pour le live.