A presque 70 ans, Neil Young fait toujours preuve d'une incroyable vitalité, enchaînant albums studio, concerts, galas associatifs et fourmillant d'idées, de la voiture hybride au lecteur digital et à la plateforme de téléchargement pour les plus récentes. "The Monsanto Years", 36ème album studio du chanteur canadien, prend la forme déjà utilisée par Neil Young d'un concept album, ou plus exactement d'un protest songs album.
Car Neil Young n'a rien perdu de son ardeur à défendre les causes qui lui tiennent à cœur. Au titre de celles-ci, la défense de l'environnement tient une place majeure et le chanteur a décidé de partir en guerre contre l'industriel Monsanto, entreprise d'agrochimie accusée de polluer la planète et de favoriser la culture des OGM, en lui consacrant un album de chansons à charge. Un procédé régulièrement utilisé par l'artiste canadien lorsqu'un événement le révolte suffisamment pour lui donner une brusque poussée d'inspiration.
Avouons-le, le thème choisi est assez peu glamour et même les non-anglophones remarqueront les "Monsanto" chantés sur tous les tons qui reviennent sur de nombreux titres. Sur le plan musical, "The Monsanto Years" s'inscrit clairement dans la catégorie gros rock, avec profusion de guitares électriques, Neil Young ayant délaissé ses vieux compagnons du Crazy Horse pour s'entourer d'un nouveau groupe, Promise of the Real, dont le leader, Lukas Nelson, est le fils du musicien de rock country Willie Nelson, ami de longue date et partageant les mêmes convictions que lui.
Les habitués des albums les plus rocks du chanteur, ceux où il est généralement accompagné du Crazy Horse (le groupe, pas les danseuses), retrouveront sans peine leurs marques. Neil Young chante toujours aussi aigu, avec ce flottement dans la voix qui fait que la justesse est toujours sur le fil du rasoir mais qui lui donne aussi cette fragilité si attachante. Les multiples guitares partent parfois dans des duels qui ressemblent beaucoup à une jam ('Big Box' a un faux-air de 'Like An Hurricane') et truffent de riffs acérés la plupart des titres, rocks mid-tempo enchevêtrant les sonorités de plusieurs guitares jusqu'à créer un mur sonore sur fond de rythmique lourde. Seuls 'Wolf Man', très country avec son harmonica, et 'If I Don't Know' qui clôt l'album d'une touche de mélancolie s'avèrent plus délicats.
Adepte de l'authenticité, il est certain que Neil Young n'a pas passé beaucoup de temps à retravailler les enregistrements, le son étant brut et un peu sale, façon garage rock. Selon ses goûts, on y trouvera un surplus d'humanité ou un manque de finition.
Au final, l'album s'écoute agréablement, même si force est de constater que l'inspiration qui a présidé à la composition de ces titres n'est pas exceptionnelle. On ne peut s'empêcher de trouver bien familiers tous ces titres, et ce dès la première écoute, sans pour autant ressentir un quelconque frisson ou l'excitation qu'on prend à la découverte d'une nouvelle perle rare. "The Monsanto Years" est un album qui se situe dans la moyenne de la discographie de l'artiste, ni mauvais, ni indispensable.