Foreigner, 65 millions d’opus vendus dans le monde, est un géant du monde du Rock qui pourrait bien détenir le record du plus faible ratio du nombre d’albums studio comparé aux parutions officielles sorties. Pensez donc, les Américains ont proposé plus de deux fois plus de compilation, Live, Best Of et Greatest Hits qu’ils n’ont composé d’albums. Et la sortie de ce "Greatest Hits Live", cinquième production en public du groupe, ne va pas faire tomber la bande à Mick Jones de ce piédestal.
Enregistré en 2005 au Texas Station de Las Vegas, le show était déjà apparu dans une édition limitée de l’album "Can’t Slow Down" en 2009. Celle-ci étant épuisée, quelques bonnes âmes ont décidé de proposer à nouveau ce concert, mais sur un support unique dissocié du dernier opus studio du groupe. Inutile de débattre des raisons profondes de cette énième sortie d’une compilation de hits anciens (mise ici à la sauce Live), nous ne parviendrions à aucune certitude, alors contentons-nous de nous intéresser au produit en analysant son contenu.
Douze titres sont présentés ici, leur moyenne d’âge approche les 36 ans ce qui est tout de même assez estomaquant, mais détermine parfaitement la datation de la vague sur laquelle surfe le groupe depuis bien longtemps, aucun des quatre derniers albums studio n’étant représenté dans cette nouvelle production. Un tiers des titres est issu de l’opus "4", ce qui n’étonnera personne puisque c’est grâce à cette sortie que les Américains gagnèrent leur titre de noblesse en réalisant un carton dans les charts, avec notamment un premier classement (en 6ème position) en France.
Kelly Hansen assurait ce jour-là à Las Vegas une de ses premières prestations derrière le micro, Tom Gimbel - qui a joué le musicien additionnel chez Aerosmith - s’occupait des guitares, de la flute et du saxo, Jeff Pilson - ancien camarade de jeu de Dokken, MSG et Dio - était chargé de la basse et Jason Bonham - le fils de son père (Led Zep) – était derrière les fûts. Une belle équipe, mais une équipe avec un seul survivant du groupe originel, last but not least, Mick Jones le fidèle.
Ce soir-là Foreigner tenait une forme olympique, les premiers pas du nouveau chanteur et l’envie qu’il montre de vouloir en découdre pour assumer son challenge, pourraient nous emmener à une première explication. Mais elle ne saurait être la seule et unique. En effet, nous retiendrons également de cette production que les guitaristes ne la jouent pas petit bras, notamment sur un 'Juke Box Hero' tellement électrique que s’y imbrique parfaitement un 'Whole Lotta Love' du Dirigeable, titre pour le moins joué en puissance. Les versions de 'Head Games' (particulièrement son final), 'Hot Blooded' et 'Urgent' (gratifié d’un solo de saxo à rallonge) font partie de cette même famille, tout comme 'Starrider' et son énorme solo de deux minutes.
A l’écoute de cet album, on balance entre plaisir nostalgique et lassitude contrariante à se voir à nouveau servir les mêmes mélodies – 'Waiting For A Girl Like You' et 'I Want To Know What Love Is' commencent notamment à nous sortir par les oreilles - mais la première impression finit par l’emporter sur la seconde au vu du cœur mis à l’ouvrage par les musiciens au cours de ce show. Alors, servez-vous un petit café et trempez-y cette nouvelle madeleine de Proust des papys du Rock et la synesthésie mènera la danse dans votre mémoire de vieux combattant de la cause.