Le double album "The Afterman", dont le deuxième volet est sorti en 2013, était l’occasion pour Coheed & Cambria de poursuivre la mise en musique de la saga illustrée "The Amory Wars" créée par Claudio Sanchez et basée sur les aventures du couple Coheed et Cambria Kilgannon. Avec ce huitième album, le chanteur-guitariste s’est émancipé de cette tutelle conceptuelle afin de proposer un contenu issu de sa perspective personnelle. Comme Sanchez en a l’habitude, la matière musicale de Coheed & Cambria trouve un complément dans des coffrets en éditions limitées qui donnent toutes les clés pour découvrir et pénétrer l’œuvre dans sa totalité.

Le quatuor qui n’a pas évolué depuis "The Afterman : Descension" fait une entrée de disque solide et efficace, à défaut de bousculer les conventions et les attentes de l’auditeur, avec deux titres rock mélodiques et rentre-dedans ‘Island’ et ‘Eraser’. Puis la semi-ballade ‘Colors’ et ‘Here To Mars’ confirment la maîtrise des Américains à restituer une intensité émotionnelle, grâce à la performance de chanteur de Sanchez et de la bonne combinaison des instrumentations. Mais jusqu’à la courte ballade voix-guitare acoustique 'Ghost' Coheed & Cambria n’est pas particulièrement inspiré et se contente, avec grand talent il faut l’avouer, de dérouler sa facette la plus rock au détriment de la progressive.

La seconde partie du disque est plus attrayante dès le déchirant 'Atlas' à la construction plus élaborée et le groovy 'Young Love' au riff bien trouvé qui rappelle néanmoins celui d''Alive' de Pearl Jam. La tendance est un peu ralentie par le facile et enjoué 'You Got Spirit Kid' qui porte bien son nom, avant que ne démarre le sommet 'The Audience'. C'est probablement le morceau le plus contrasté de cet album majoritairement orienté vers le rock le plus consensuel que peut se permettre Coheed & Cambria. Bâti sur une base sonore très compressée, 'The Audience' est un monolithe rythmique qui sait extraire la mélodie au sein de ce magma saturé. C'est aussi une démonstration bluffante de toute la classe vocale de son compositeur qui puise au plus profond pour moduler et diversifier l'ampleur de sa performance.

En achevant son disque sur un titre principalement acoustique à la saveur très pop comme 'Peace To The Mountain', Coheed & Cambria revient à une tendance légère apte à toucher un maximum d'audience. On peut nourrir des regrets avec ce "The Color Before The Sun" quand on connait la qualité des compositions et des finitions dont est capable Sanchez, même si cette direction n'est pas surprenante de la part d'un groupe très à l'aise dans tout type de format.