Nous sommes en 1985 et les Britanniques de Magnum commencent sérieusement à faire parler d’eux depuis leurs troisième et quatrième albums ("Chase The Dragon" et "The Eleventh Hour") sortis respectivement en 1982 et 1983. Cette année-là, "On A Storyteller’s Night" et sa magnifique pochette de Rodney Matthews sont livrés aux hordes de hard-rockers impatients de découvrir l’opus que le combo allait bien pouvoir sortir de ses éprouvettes pour confirmer sa montée en puissance. Leur fébrile attente ne sera pas déçue, ce cinquième présent de la bande à Catley est un monument qui reste encore aujourd’hui pour beaucoup, trente ans plus tard, le point culminant de leur discographie.
Artistiquement parlant cet album est en effet un must, même si "Chase The Dragon", "Wings Of Heaven" (1988) et "Goodnight L.A." (1990) se sont vus offrir un meilleur classement dans les charts. Peu enclins à suivre les succès radiophoniques comme un seul homme, les aficionados, voire les puristes, voient les choses autrement. Pour eux, fréquemment, cette production est non seulement le meilleur album du combo, mais également un pont important - traversé avec brio - dans la carrière des sujets de sa Majesté, une passerelle entre le hard rock pompous des débuts influencé par les 70’s et le hard rock mélodique (teinté FM dans les années 90) qui deviendra par la suite le domaine de prédilection de Magnum. Mais quelle est donc la force de cet album, quel est donc son secret ? Sa réussite tient en un seul mot : l’équilibre.
La grandiloquence qui a construit les premiers succès du groupe est encore là, cependant elle se tapit derrière les mélodies qui se veulent, et c'est nouveau, d’impact immédiat et addictives (bref : radiofriendly), mais pleines de classe. Fidélité respectée et progression volontariste sont au programme et il faut se rendre à l’évidence, le jeu d’équilibre est réussi.
Il convient d’évoquer également les variations de tempo, voire de genre musical d’un titre à l’autre. Le progressif 'How Far Jerusalem' est par exemple à des lieues du FM de 'Two Hearts' ou de 'Steel Your Heart' ou encore de l'étrange ballade "Les Morts Dansant". Pourtant le fil rouge "mélodie de grande classe/grandiloquence britannique" reste de mise et les tubes défilent sans discontinuer. Essayez donc de résister, entre autres, au titre éponyme et à 'Just Like An Arrow' ou 'Before First Light', ce sera peine perdue. Là encore l’équilibre, celui des genres ici, est habilement respecté.
Si vous ne connaissez pas Magnum, commencez votre parcours découverte par cet album, et si ce géant anglais ne vous est pas inconnu et que vous avez donc forcément déjà arpenté les vallons mélodiques d’"On A Storyteller’s Night", revenez faire un tour dans le passé en redécouvrant cette petite merveille. Soyez assurés que la magie fonctionnera à nouveau.