David Gilmour est sûrement le guitariste le plus connu au monde, au-delà des sphères musicales progressives. Au sein de Pink Floyd, il a produit quelques-uns des soli de guitares les plus émotionnels de la fin des 60's jusqu'à nos jours. Il y a deux façons d'aborder le nouvel album de cette icône du rock, soit comme un fan aveuglé de dévotion, soit de manière plus impartiale en se demandant : que penserais-je de cet opus s'il n'était pas signé Gilmour ?
'5 a.m.' ... non, ce n'est pas l'heure actuelle, mais le titre instrumental qui ouvre l'album. Pratiquement constitué d'un seul solo où l'on reconnait la patte du maître, cette courte mise en bouche toute en feeling semble annoncer le meilleur. Mais sans transition, le jingle de la SNCF retentit, introduisant 'Rattle That Lock', la chanson qui donne son nom à l'album. On a là un hit en puissance, formaté pour les radios, une composition que l'on pourrait qualifier de pop si la guitare expressive ne venait pas rehausser le propos.
Il y a évidemment quelques passages floydiens, sur 'In Any Tongue' ou 'And Then...', notamment, mais on reste toujours dans une ambiance légère, beaucoup moins orchestrée, moins symphonique que dans les compositions du groupe.
Le titre le plus surprenant est sans conteste 'The Girl In The Yellow Dress', une ballade smooth-jazz, avec juste le chant de Gilmour sur fond de piano et de contrebasse, pimenté d'une pointe de saxo ténor. C'est d'ailleurs la seule composition sans solo de guitare.
A la fin de l'écoute, il peut rester une impression de satisfaction, la sensation d'avoir entendu de bien sympathiques compositions, souvent formatées ballade. Les soli de guitare qui émaillent la quasi-totalité des titres sont évidemment le vecteur principal de cette satisfaction. Pour faire une comparaison avec le vin, je dirais que nous avons là une appellation Gilmour contrôlée, mais que nous sommes assez loin du cru classé.