Après un détour l'année dernière par un album live en forme d'hommage à King Crimson, les Chicagoans de District 97 (c'est ainsi qu'on appelle les habitants de Chicago) reviennent avec ce qui est déjà leur troisième album studio. Les deux précédents avaient été fort appréciés par la rédaction de Music Waves, "In Vaults" a donc la lourde tâche de devoir confirmer cette bonne impression.
Comme on ne change pas une équipe qui gagne, le line-up n'a pas bougé et le style musical adopté sur leurs précédents opus se voit reconduit. Les compositions sont faites d'un progressif moderne et nerveux enchainant les thèmes à une cadence infernale, de mélodies ambiguës et inconfortables, de rythmes impairs et syncopés. L'assise rythmique est extrêmement solide, servant d'appui à des guitares volontiers saturées préférant jouer dans le grave. Les claviers, essentiellement piano et synthés, partagent équitablement les solos avec les guitares et tout ce beau monde est dominé par la prestation vocale de Leslie Hunt dont la voix claire ne manque pas de puissance mais sait aussi se faire caressante.
En gros, tout ce qu'il faut pour tenir entre les mains un bon disque. Sauf que l'alchimie ne se fait pas et que, malgré la qualité des ingrédients, le ragoût manque de saveur. Les morceaux défilent et on n'en retient rien. Impossible de se souvenir d'une bribe de mélodie, d'un thème accrocheur ni d'un solo d'un instrument vraiment plaisant. La faute sans doute à ces trop nombreux thèmes à peine effleurés qui ne marquent pas d'une empreinte durable la mémoire. Il faut, quand on emprunte ce chemin ardu, qu'il se dégage de l'ensemble de ces mini-thèmes une atmosphère évocatrice de sentiments ou de sensations. Ce n'est pas le cas ici, où l'on ne ressent qu'une impression de confusion renforcée par une production imprécise ne permettant pas de profiter pleinement du jeu de chaque musicien.
Seuls 'Snow Country', oscillant entre un rock doux et un hard soft, et 'Blinding Visions', inscrit dans une vraie tradition progressive avec ses thèmes qui évoluent lentement et se croisent sans cesse, offrent une certaine consistance. Entre les deux, le groupe n'arrive pas à générer ce petit frisson, cet instant de passion qui transporte l'auditeur. On se dit "c'est bien, c'est bien fait, c'est du beau travail", sans vraiment participer et, une fois le disque terminé, on ne se souvient de rien si ce n'est que la chanteuse a de la présence.
Question d'appréciation personnelle, peut-être ? Malgré ce manque d'empathie, "In Vaults", non dépourvu de qualités, mérite néanmoins qu'on lui accorde une oreille, pour voir. Un auditeur plus compatissant que moi pourrait y trouver son bonheur.