Et un de plus, un ! Tout le monde y va de son petit opéra-métal. Mais qui donc a tiré le premier ? Au vu du succès de certains, (Ayreon, Avantasia...) je comprends que d'autres soient tentés par l'aventure.
Les deux difficultés principales, dans ce genre de création, consistent d'une part à rassembler assez de grosses pointures indispensables au succès commercial, et d'autre part à composer une oeuvre suffisamment cohérente. Pour la première, je crois que le plateau est assez consistant et parle de lui-même. Quant à la seconde, nous allons voir ça.
Je dois avouer que je n'ai jamais entendu parler de Lars Eric Mattson, instigateur du projet. Renseignement pris, ce guitariste, sorti de la prolifique écurie de shredders Shrapnel, n'en est pas à son coup d'essai. Créateur d'un autre opéra rock (Condition Red I et II) et de multiples albums, ce dernier a traversé deux décennies dans un relatif anonymat. C'est donc sans aucun a priori que je glisse le cd dans ma platine.
Après une intro plutôt bizarre, un speed-métal assez convenu ouvre les hostilités. La surprise vient du chant d'Irene Janssen qu'on a l'habitude d'entendre dans un registre plus calme. Ce morceau me laisse circonspect mais la suite va définitivement dissiper cette impression. En effet, le reste de l'album est une succession de morceaux aussi différents qu'alléchants.
Tout en restant métal, les compos s'affinent et changent de rythmes dans le tempo comme dans l'écriture. A n'en pas douter nous sommes bien en présence de métal progressif. Au fil de l'écoute, on prend peu à peu conscience de la richesse de cette oeuvre.
Une superbe ballade au toucher hendrixien vient aérer la partie et l'on sent poindre, tout doucement, ce qui sera La pièce maîtresse de ce War: War Suite Concerto.
Alors là, je vous conseille d'ouvrir votre esprit et de laisser tout préjugé au vestiaire. Dans ce sublime morceau de quatorze minutes, l'impression de mélange contre-nature domine. En effet, comment faire cohabiter du flamenco avec Mike Oldfield, du métal bien typé et des choeurs aériens ?
Mattson y parvient sans perdre une once de cohérence et c'est là la force de cet album. Malgré des sonorités disparates War s'écoute avec un intérêt renouvelé à chaque morceau.
Certes, Mattson est issu d'une école de shredders plutôt fatigante mais ici, sa technique est au service de son imagination et engendre des compositions riches et captivantes. War séduira évidemment les amateurs de métal prog mais possède assez de qualités pour interpeller ceux qui ne jurent que par le rock progressif. Un album étrangement consensuel, donc, qui ne peut pas demeurer dans l'ombre.