Maintenant un rythme de parution qui l'a vu proposer 9 albums en 17 ans - 11 si l'on prend en compte "Decade" (2008), et "Newman 2014" (2014), réenregistrements de titres déjà parus sur de précédents opus - Steve Newman nous revient avec la dixième galette de son groupe éponyme, intitulée "The Elegance Machine". Et comme on ne change pas une équipe qui gagne, le chanteur, producteur, multi-instrumentiste occupe à nouveau tous les postes, accompagné du fidèle et talentueux Rob McEwen à la batterie, renouvelant une association qui fonctionne depuis 2006 et l'album "Heaven Knows". Avec "Siren" (2013), Newman commençait à muscler son propos sans pour autant altérer une identité désormais reconnaissable entre toutes, ceci en continuant le développement d'une fan-base de plus en plus respectable.
C'est cette démarche qu'il prolonge avec "The Elegance Machine", proposant quelques bons riffs rutilants qui auraient pu figurer sur le précédent opus ('Illuminate', 'Confess'), ou n'hésitant pas à dégainer la double pédale et un chant plus agressif que d'habitude ('The Suit (Skyscraper)'). Cette continuité dans la démarche se retrouve également dans l'équilibre délicat que les Anglais continuent à offrir avec une approche toujours aussi mélodieuse ('Pretender Surrender'), flirtant parfois avec des sonorités de claviers dignes d'Asia ('One Good Reason'). Cette harmonie entre dynamisme et délicatesse s'appuie désormais sur les fondations solides d'un artiste à la signature reconnaissable mais ne se sclérosant pas pour autant dans un carcan artistique sans surprise.
Aux quelques touches de modernité apportées par des structures novatrices alternant les tempi ('Send Us Salvation') ou laissant le temps aux ambiances de s'épanouir ('Prayer For Apollo'), Newman ajoute quelques évolutions qui lui permettent de s'installer désormais sur les sommets du genre. En effet, au-delà des progrès vocaux du maître des lieux qui ne passent pas inaperçus ('One Good Reason', 'Send Us Salvation'), "The Elegance Machine" propose désormais quelques refrains imparables qui faisaient régulièrement défaut à des albums pourtant bien carrossés. Avec le titre éponyme au riff direct et accrocheur, la bombe mélodique 'Don't Stay Lonely' aux accents de Journey, ou l'envoûtant mid-tempo 'Halo', Newman possède désormais quelques joyaux qui ne manqueront pas d'intégrer le panthéon des incontournables de l'AOR.
Même s'il laisse espérer une continuité dans l'élévation du niveau des œuvres proposées par Newman, ce nouvel opus n'en demeure pas moins une forme d'aboutissement pour les Britanniques. Alternant percussion et douceur, parfois au sein des mêmes titres, et mariant accroche, mélodie, intelligence des paroles et talent d'interprétation, "The Elegance Machine" devrait imposer définitivement la formation anglaise parmi les leaders d'un genre musical qui traverse actuellement un renouveau enthousiasmant.