Après trois albums publiés depuis 2007, le moins que l'on puisse dire est que cette version italienne de Clepsydra n'a pas permis au groupe originaire des Abruzzes d'atteindre la même notoriété que son homonyme suisse, évoluant dans un registre bien éloigné du néo-progressif. Le trio aux accents psychédéliques, devenu quatuor par l'adjonction d'un claviériste, nous revient ainsi en 2015 avec sa quatrième offrande, "Tropicarium".
De psychédélique, la musique délivrée par Clepsydra n'en prend que les accents de son chanteur. Toute la première partie de "Tropicarium" est constituée de titres (très) courts d'un rock carré (pour ne pas dire basique) basé sur un riff de guitare, dans une construction couplet/refrain soutenue par une rythmique immuable à quatre temps. La guitare est tranchante mais sans changement d'effet, la basse qui l'accompagne est chantante et bien mixée, la présence du clavier est la plupart du temps anecdotique et les tonalités varient peu d'un titre à l'autre. Suprême effort de monotonie (ou de manque d'ambition dans la construction des morceaux), le chanteur donne l'impression d'accompagner la guitare (plutôt que l'inverse) en calquant sa mélodie à l'unisson de celle-ci. Passés les deux premiers morceaux, l'ennui guette.
Pourtant, passée la première moitié de 'Port Huron', une certaine inflexion se fait jour par le biais tout d'abord d'un changement de tonalité, suivi d'un solo de basse qui enchaîne sur une section instrumentale où l'on retrouve une guitare soyeuse réverbérée qui va mettre en place un thème certes répétitif, mais dont le prolongement sur la plage suivante 'Like Nowhere Else' va enfin transporter l'auditeur vers des eaux quelque peu différentes. Cet esprit va se poursuivre avec 'Green Blinds' dont la rythmique chaloupée sort des sentiers jusqu'alors rebattus, puis avec 'Children of a Lesser God' dont la couleur générale nous renvoie aux groupes du mouvement Shoegaze apparus à la fin des années 80 (Ride, Lush etc …). L'album se conclue avec une variation de thème, puisque 'Tropicarium' emmène l'auditeur vers un univers légèrement progressif, ou en tout cas bien moins direct et expéditif que les 26 premières minutes de cette galette.
Difficile après tout cela d'envisager des écoutes répétées de cet album : sa première partie reprend la même recette titre après titre, bien trop simpliste pour garantir une attention soutenue. Quant à ce qui constitue la suite, même si l'intérêt de celui qui n'aura pas encore décroché à ce stade sera quelque peu ragaillardi, l'ensemble reste toutefois insuffisant pour déclencher beaucoup plus qu'une simple écoute d'estime.