Guitariste danois peu connu en France Torben Enevoldsen nous gratifie de son troisième album de guitares. En fait, la définition de guitariste est un peu courte. Torben assure tous les instruments ! Basse, batterie (ou boite à rythme), claviers.
Vous me direz q'une telle ubiquité préserve des crises d'ego, c'est déjà un point positif. Je me demande malgré tout si le fait de tout assurer soi-même autorise assez de recul pour rester objectif...
Dès les premières mesures, le ton est donné. Point de surprises, l'ombre de l'omniprésent Satriani survole l'ensemble de cet album. Même si cette influence est majeure, Torben parvient à se démarquer et explore assez de pistes pour donner à son oeuvre un intérêt substantiel.
Les morceaux s'enchaînent et, sans pour autant captiver, vous emmènent tout doucement vers la fin du CD sans vous en rendre compte. C'est bien là le problème. Il faut faire un effort considérable pour rester attentif jusqu'au bout.
Les mauvaises langues (dont je fais évidemment partie) vous diront que tout a déjà été entendu et depuis longtemps digéré. C'est certainement un jugement un peu lapidaire car, si l'on prend soin d'écouter dans les détails, beaucoup de choses apparaissent et finissent par redonner un peu d'éclat à une oeuvre que l'on eût cru bien terne.
L'instrument est bien maîtrisé et toute l'étendue de la guitare métal est passée en revue. Le doigté de Torben est agréablement fluide et malgré quelques descentes de manches inévitables (?) c'est dans les morceaux les plus calmes que le feeling est le plus perceptible. Heureusement, ces passages sont majoritaires et sauvent cet album d'un ennui latent.
Au final, un album correct mais sans grand relief, comme ces vins du nouveau monde, que l'on dit sans qualités ni défauts, mais qu'on oublie une foi la bouteille finie.