L'Italie étant par excellence le pays de l'enfer (La Divine Comédie n'est pas sortie de la tête d'un Turc) et des crocodiles, quoi de plus normal pour ces cinq Romains que de baptiser leur groupe Helligators !
Ce combo fondé en 2009 s'auto-décrit comme un pourfendeur de southern metal'n'roll et si le rock (on pense parfois à Lemmy dans le brin de voix) et le metal (à l'américaine majoritairement) sont bien des composantes de la musique du groupe, nous cherchons toujours les influences southern avec, il faut bien l'avouer, des chances de réussite beaucoup plus faibles depuis ces dernières 48 heures.
Toujours est-il qu'une fois passée la surprise de la voix d'Hellvis, qui s'éloigne des mélodies de guitares avec la même détermination que mon épouse de ma mère, la musique d'Helligators fait son petit effet.
Le sourd riff métallique qui ouvre l'album au son d'une production lourde et grasse en dit aussi long que le rouleau compresseur sur la pochette, Helligators n'est pas là pour nous apprendre le point de croix. Avec des refrains qui restent vite en tête et des mélodies inspirées, les morceaux s'enchaînent avec une certaine facilité. Des titres comme 'Nomad', un 'Badass' sans concession ou le superbe 'Swamp Manvoodoo' (sans doute un des meilleurs moments de l'album) sont carrément addictifs et la richesse de leur trame vient prolonger le plaisir au fil des écoutes.
'Doomstroyer' propose à grands coups de toms un metal à l'américaine dont les passages en spoken words évoquent un récent Megadeth, alors que 'Scream', inspiré du même continent, se veut plus moderne, mais trop formaté pour le coup, et 'Swamp Manvoodoo' donne dans le mid-tempo groovy, avec une basse caoutchouc et un chant plus posé et parlé.
Et si 'Snake Oil Jesus', joué déjà depuis plusieurs années, fait son petit effet, les chœurs, comme souvent ici, manquent fortement de justesse et laissent par moment le mosh pit un peu circonspect, ce qui n'est pas sans gâcher la fête. D'autant plus que nous l'avons dit plus haut, la voix d'Hellvis n'est pas très mélodique (entre le growlé et le grommelé) et si elle peut convenir à certains, l'apport de chœurs de qualité viendrait fortement appuyer la musique du groupe, pour peu qu'il continue à l'avenir à donner dans cette catégorie à l'américaine.
Aux soli de guitares finement exécutés et ambiancés comme sur un 'Stone Crusher' épique avec ses ruptures et sa virtuosité à la Malmsteen, la musique d'Helligators demandera à se renforcer et se stabiliser côté personnalité afin de prétendre à une plus grande attention, même si déjà - et ça n'est pas le postulat de base à l'heure actuelle dans le monde du metal, -la qualité, l'énergie et surtout l'accroche, sont au rendez-vous. Bien que "Road Roller Machine" soit le second album des Italiens, le groupe se cherche encore au milieu d'influences trop variées et pas assez digérées.
Annonce officielle Music Waves : en cette toute fin de chronique, il semblerait que des traces de southern aient finalement été décelées sur le titre final 'Black Sun'. Nos spécialistes étant actuellement au travail, nous ne sommes pas autorisés à en dire plus pour le moment.