Peut-être le nom de James Toseland évoquera-t-il quelque chose chez les plus férus de sport d'entre vous ? Double champion du monde moto (Superbike en 2004 et 2007), ce sportif de haut niveau est contraint d'interrompre sa carrière en 2011 à la suite d'une mauvaise fracture. Pour faire face à ce coup du sort, il décide alors de s'adonner pleinement à son autre passion : la musique.
Ce nouveau monde ne lui est pas complètement étranger. Durant sa carrière de pilote moto, il fait déjà partie d'un groupe, Crash (dont le nom prouve que notre homme n'est pas superstitieux) et en 2012 il convole en justes noces, selon l'expression consacrée, avec la chanteuse Katie Melua. Aujourd'hui, il monte un nouveau groupe qu'il baptise tout simplement de son patronyme.
"Renegade", premier album du combo, sort en 2014 mais sa diffusion est alors limitée au Royaume-Uni. Favorablement accueilli et bien rodé sur scène, le disque connait une seconde vie en faisant l'objet en septembre 2015 d'une diffusion destinée cette fois à l'Europe et aux Etats-Unis, la version d'origine se voyant augmentée de deux titres bonus tirés de l'EP "Heart And Bones" paru en avril 2015.
Toseland joue de la musique comme il pilotait sa moto sur un Grand Prix : démarrage sur les chapeaux de roue et conduite à 200 km/h dans un vacarme assourdissant jusqu'à la ligne d'arrivée. "Life Is Beautiful" annonce la couleur d'entrée : un titre rentre-dedans, rythmé, simple mais efficace, de ceux dont la mélodie se mémorise en quelques secondes pour ne plus vous lâcher. Rythmique puissante, riffs musclés et incisifs des guitares, quelques envolées nerveuses des mêmes guitares sur de jolis solos et, au-dessus, la voix de Toseland teigneuse, un peu grasse mais parfaitement adaptée au style et qui ne semble pas peiner pour dominer l'accompagnement.
Si ce premier titre vous séduit, l'album vous ravira certainement. Car Toseland ne fait pas de fioritures et ne donne pas dans l'originalité. Les treize titres de l'album sont de bons vieux hard rocks tels que l'amateur du genre les espère, carrés, précis, qui donnent une irrépressible envie de secouer la tête en jouant de l'air guitar. Pas de baisse de tempo, si ce n'est sur 'Just No Way', la ballade romantique incontournable de ce genre d'albums, ou durant les couplets de 'Emergency', prédominance des guitares bien épaulées par le couple basse/batterie, même si les claviers tentent de timides percées (les accords de piano sur 'Kingdoms', les nappes d'orgue sur 'Renegade') et omniprésence du chant, les titres suivent immuablement le schéma couplet/refrain/couplet/refrain/solo de guitare/refrain ou peu s'en faut.
Ce schéma répétitif, l'absence de passages plus légers que les groupes de hard introduisent en général par des arpèges, ou des intros plus calmes, histoire de créer des contrastes, auraient pu être fatals à "Renegade" qui manque sans aucun doute d'originalité. Fort heureusement, ce défaut est compensé par une présence qui ne se dément pas et des mélodies addictives qui font mouche dès la première écoute. "Renegade" n'aura certes pas le premier prix d'innovation musicale, mais si on est venu écouter du bon hard rock qui déménage, c'est le disque idéal.