Ne rien céder, être fidèle à ses idéaux et lutter contre les injustices, tel pourrait être le credo de Refused, ce groupe de punk hardcore scandinave constitué au début des années 90, séparé à la fin de la décennie (impossible conciliation entre leur pensée anarchiste et une carrière musicale digne de ce nom), et dont la reformation en 2012 débouche finalement sur ce nouvel album appelé justement "Freedom".
Auteur d’un album référentiel en 1998, "The Shape of Punk to Come" (la référence à Ornette Coleman n’est pas anodine), le moins qu’on puisse dire c’est que les Suédois ont pris leur temps mais le résultat est-il à la hauteur de son estimé prédécesseur ?

La réponse pencherait plutôt du côté du oui même si la dimension expérimentale de "The Shape of Punk to Come" a quasiment disparu de ce nouvel opus, Refused ayant juste gardé la rage et le sens du riff, ce qui est déjà plutôt remarquable en soi. Il n’y a qu’à écouter ‘Elektra’, ou encore mieux ‘Old Friends/New War’ qui commence étrangement avec cette voix étouffée et déformée avant qu’une guitare claire déchire l’espace sonore et que le chant hurlé (mais juste) de Denis Lyxzén vous prenne aux tripes. Les plus réfractaires au chant hardcore pourront trouver le bonheur dans les refrains mélodiques que le groupe n’hésite pas à aborder (le presque FM ‘Francafrique’) ou encore le long du très progressif ‘Useless Europeans’.

"Freedom" ne possède peut-être pas l’originalité de "The Shape of Punk to Come" (comment dépasser ce modèle ?) mais il prouve par son éloquence et son authenticité que Refused n’a pas dit (ni hurlé) son dernier mot. Un des meilleurs come-back de l’année avec celui de Faith No More dont le retour a également été salué par la critique.