Tradition, quand tu nous tiens ! C’est ce que chacun d'entre ceux qui jettera une oreille à cet album est en droit de se dire à l’écoute de ce onzième album de Brainstorm.
En effet, comme nous n'avons eu de cesse de l'écrire à travers nos chroniques des précédentes livraisons, le combo allemand plonge ses racines dans un power metal tout ce qu’il y a de plus convenu. Et à moins, d'être un aficionado du genre, vous peinerez à connaître l’extase à l’écoute de ces 10 titres qui ne dégagent aucune velléité de faire évoluer un genre qui ne brille déjà pas par son sens de l’innovation. Pour trouver son compte avec cet album, que l’on qualifiera de solide et sérieux, il faut apprécier les riffs consistants, le chant viril et agressif, les rythmiques solides et lourdes, et un équilibre mélodie / puissance qui fait la part belle à cette dernière.
Le groupe évolue en effet dans des univers très proches de ceux de Primal Fear, Sabaton, Metalium ou Iced Earth. Il diffère essentiellement de ces derniers par le fait qu’il semble s’astreindre à suivre une ligne directrice sans compromis et à une cadence soutenue. Nulle fioriture n’est à attendre de ce "Scary Creature", l’intro de 'The World To See' étant la seule digression que s’autorise le groupe.
Et comme tout album sans concession, celui-ci ne peut que générer des sensations très antinomiques. Certains vont louer la puissance et la maîtrise que le groupe dégage au travers d’un 'Where Angels Dream', un morceau ultra-rapide qui voit la paire de guitaristes briller de mille feux et Brainstorm se montrer à son avantage. Alors que d’autres resteront insensibles à ce qu’ils considéreront comme un album de plus, qui peine à faire preuve de la moindre trace d’originalité.
Ces deux visions, aussi opposées soient elles, ont toutes deux du sens, tant le sérieux et le savoir-faire déployés par Brainstorm sont tout aussi indéniables que l’absence de magie et d’évolution dont fait preuve le groupe. Ce que l’on peut toutefois avancer sans parti pris est le fait qu’avec "Scary Creature", Brainstorm confirme son manque cruel d’ambition en n’aspirant à rien d’autre que de reproduire une recette qui a fait ses preuves et qu’il sait dupliquer à l’envi avec une habileté indiscutable.
Mais le savoir-faire démontré ici par les Allemands ne peut que nous laisser penser que nous sommes en droit d’attendre bien plus de leur part, ce petit supplément d'âme et d'éblouissement qui fait la différence.