Deuxième disque avec Todd La Torre derrière le micro après un album éponyme qui renouait avec le Queensrÿche des débuts dans un opus court et expéditif. Ce deuxième méfait est présenté par Wilton comme un recueil de chansons composées dans le style classique du groupe avec plus de progressif et de heavy. Cependant au regard de la discographie varié des Américains, il est assez difficile de définir le style classique des Américains si bien qu'on ne sait véritable pas à quoi s'attendre pour ce "Condition Hüman".
Comme la fin de son prédécesseur, ce nouvel opus débute par un retour aux sources heavy et relativement basiques en matière de structure et de riffs, avec un souci de la mélodie et de l'énergie dégagée. Après un 'Arrow Time' tout juste efficace, déboule 'Guardian' qui réunit toutes les qualités que l'on apprécie chez Queensrÿche : le refrain est accrocheur et pourrait faire des ravages en concert, les rythmiques sont carrées et efficaces, rappelant les tout premiers albums de Fates Warning, un pont délicat donnant la profondeur requise.
Les premiers titres sont de nature à conforter l'auditeur heureux de retrouver un style reconnaissable, même si le mimétisme de La Torre et de Geoff Tate reste un peu déroutant. Le mid-tempo 'Selfish Lives' apporte une touche sombre et d'une douceur mélodique des plus agréables. 'Eyes9' aborde un registre plus progressif mais toujours aussi percutant et introduit une série variée, nuancée et surtout plus posée avec 'Bulletproof', sorte de ballade relativement intense, ou encore le doux 'Just Us'. L'album se termine avec 'All There Was', plus classique, l'interlude inquiétant 'The Aftermath' suivi du développement progressif et redoutablement bien calibré de 'Condition Hüman'.
Cet album non dépourvu d'une certaine variété et de profondeur renoue de façon équilibrée et réussie avec le Queensrÿche que l'on aime. Certains pourront toutefois regretter un chant trop prévisible et manquant de nuance sauf à quelques rares occasions, bref que la magie peine un peu à prendre malgré les efforts du groupe. En effet, il est impossible de ne pas comparer cet album avec les chefs d'œuvre que sont "Empire" ou "Operation Mindcrime" et même si "Condition Hüman" relève le défi sans rougir, l'osmose qui semblait naturelle alors semble un peu plus poussive.
A ces quelques réserves mineures près, Queensrÿche réussit le pari de poursuivre sa carrière sans la présence de son chanteur historique. Et, il faut être bien exigeant pour bouder le plaisir que peut procurer cet album qui, sans être un sans-faute, s'avère néanmoins enthousiasmant.