Deux ans à peine après son explosion mondiale, The Darkness perd déjà son équilibre. Justin, son excentrique chanteur use et abuse de substances dangereuses et le bassiste Frankie Poulain, qui pourtant a co-écrit quatre titres de cet album, quitte le navire peu avant le passage en studio. C'est d'ailleurs Dan qui enregistrera la majorité des lignes de basse de l'album, Richie Edwards, ancien guitar-tech et crédité sur l'album sera surtout présent sur la tournée du groupe.
Pourtant, "One Way Ticket To Hell ... And Back" est loin d'être le mauvais album dont il laisse souvent l'image. Oui, il semble manquer par moments un je-ne-sais-quoi de magie ou d'âme qui aurait pu rehausser certains titres comme 'Dinner Lady Arms' ou 'Is It Just Me ?' et son hard rock de bonne facture (tapping et harmonies). Mais ça n'est en aucun cas imputable au départ imminent de Justin, tant ce dernier semble investi aux guitares comme au chant, les différentes et multiples pistes vocales faisant merveille tout au long de l'album.
Toujours est-il que ce second essai se veut bien plus solide et aventureux que "Permission To Land". Le glam rock cher au groupe n'est plus systématiquement mis à l'honneur mais frappe fort et les références et ambiances à la Queen sont bien plus nombreuses qu'avant (le travail des harmonies, mélodies, des chœurs et de la voix, une fois encore).
Aventureux, l'album l'est pour ses coups de folie récurrents comme ce solo de piano-bar au beau milieu d'un 'Knockers' typé Aerosmith. Mais dès le tout début déjà, un son improbable et impromptu de flûte de pan va venir lancer le bal dans une ambiance "Zen et Relaxation Low Cost". Et puisque l'on parle de ce premier single éponyme, comment ne pas évoquer cette guitare sèche épicée, les multiples strates vocales et ce superbe solo en mode cithare électrique. Sur l'exotique 'Hazel Eyes', qu'aurait sans doute aimé Mercury, c'est une mélodie de cornemuse qui éclate au beau milieu d'une ambiance à la japonaise sur l'une des plus inoubliables mélodies de l'album. D'ailleurs passé ce titre, plus rien ne viendra freiner la troupe. C'est un véritable festival : le grave 'Bald' aux chœurs majestueux, la pop fleurie d'un 'Girlfriend' sur laquelle une section de cordes offre une assise chirurgicalement démolie par un solo de clavier (bon, tant pis), et le duo final composé du follement génial 'English Country Garden' et d'un 'Blind' doux et tragique à la fois qui auraient tout deux pu trouver leur place au sein d'un "A Day At The Races" de Queen. Rarement un album du groupe aura autant grandi en consistance au fil des titres, puis des écoutes.
"One Way Ticket To Hell... And Back", s'il ne contient pas de hit de la trempe d'un 'I Believe In A Thing Called Love', contient aussi moins de titres moyens que le premier essai des gars de Suffolk qui prouvent ici qu'ils sont à l'aise dans les pompes de leurs idoles, tant dans la composition que l'interprétation, et ce sans singer leurs adulés ainés. Une vraie réussite.
Un mot sur l'artwork tout de même, bien plus éloquent que celui de son prédécesseur. Jouant sur l'opposition Paradis et Enfer, sur l'éclat et les couleurs, la pochette regorge de détails fantastiques et vous trouverez bien des visages de monstres et gobelins cachés dans ce paysage.