En 1994, malgré un très bon album, "Rock Art", Magnum se voit vite dans l'obligation d'annuler une partie de sa tournée. Et comme Clarkin semble avoir un grand besoin d'autre chose (depuis presque vingt années Magnum était son seul objectif), le groupe est officiellement dissous en 1995. Durant six années, chacun ira voir ailleurs, ou presque puisque Bob Catley, en dehors de quelques projets solo, s'en ira former avec son guitariste favori le groupe Hard Rain qui sortira deux albums (en 1997 et en 1999 sur lequel ils ont déniché le bassiste ici présent).
Et puis comme on ne change pas une équipe qui gagne, Magnum revient en 2002 faisant de ce "Brand New Morning", à l'artwork plutôt sombre, son second album après sa reformation. Et le tout de démarrer très fort. 'Brand New Morning' (les pères du hard rock sont clairement invoqués ici) semble avoir été créé pour être joué toutes enceintes dehors. Dès les premières notes, l'auditeur sent déjà qu'il va avoir affaire à une musique de qualité, composée avec finesse et passion, une musique progressive dans le sens premier du terme dans la mesure où Clarkin et sa bande n'ont de cesse d'affiner leur travail en consciencieux artistes qu'ils sont. Ce "tout nouveau matin" marque donc une sorte d'accomplissement pour la formation qui enquille depuis deux décennies les productions classieuses, offrant au rock mélodique ses discrètes mais indéniables lettres de noblesse.
Que cela soit 'It's Time To Come Together' et ses allures de single lumineux, le classique 'I'd Breathe For You' (Catley reste imprenable sur tout l'album) ou un 'The Last Goodbye' au costume orchestral et introduit par un délicat piano, la qualité ne manque pas dans ce treizième opus. Quand l'ambiance se pose, c'est pour offrir à nos délicates oreilles 'We All Run' et 'The Blue And The Grey' ou "Comment réussir à coup sûr une bonne power ballade", exercice dans lequel le groupe a toujours excellé (ici la guitare hispanisante et les chœurs typés gospel ajoutent une touche épicée). Les claviers de Stanway, valeur sûre du groupe, sont quant à eux particulièrement mis en avant dans la seconde partie d'album sur les solides 'Immigrant Son' (Led Zeppelin es-tu là ?) et 'Hard Road'. Seul le final épique 'The Scarecrow' pourrait paraître un peu longuet - mais même les meilleurs ne peuvent pas faire mouche à chaque coup. Pour autant la qualité reste de mise et les claviers à la Uriah Heep renouvellent l'exercice courant chez nos saxons anglais.
En neuf pistes le groupe s'impose, classe, intouchable. Certains titres demanderont plusieurs écoutes avant de vous mettre le grappin dessus (ces mélodies, une fois encore, qui vous restent en tête) mais l'équilibre entre douces mélodies et fulgurances hard rock font toujours aussi bon ménage, au point de devenir une réelle marque de fabrique.
Un album à posséder, comme la grande majorité de ceux de la discographie de ces décidément très grands messieurs.