Il y a à peine un an, Vanden Plas entamait le projet pharaonique d'adapter sur scène, puis sur disque une œuvre colossale qui narre l'histoire de vampires d'un nouveau genre. Ils en livrent aujourd'hui la suite qui propose un progressif loin des digressions inutiles mais toujours dévoué à la sensibilité et à l'édification de mélodies entêtantes.
On retrouve donc le mordant de l'opus précédent, car même si les compositions débutent paisiblement, elles se muent rapidement en rythmiques écrasantes. Toutefois, cette puissance ne se fait pas au détriment de l'écriture, car le groupe construit avant tout des pièces à tiroirs bourrées d'instants suaves, de lignes vocales qui font se dresser les poils, d'intermèdes symphoniques et de cavalcades fougueuses... et la magie opère, tout cela s'emboîtant à merveille telle une délicate poupée russe.
Quand Stefan laisse glisser ses doigts sur les frets, la magie opère immédiatement : son jeu est plein de legato, son vibrato ample, ses harmonies enivrantes et ses accélérations bien senties. La voix d'Andy est vraiment grandiose, on sent que l'expérience "Ludus Danielis" et d'autres lui ont permis de libérer se personnalité vocale. Quant aux claviers de Gunter, ils n'ont jamais été aussi présents, notamment par les multiples interventions solitaires qui s'unissent avec les mélodies vibrantes de six-cordes.
Après l'introduction mystérieuse de "In My Universe", même si on est en territoires connus, la magie opère immédiatement grâce au mystère distillé par des arpèges aériens et dépouillés. Les circonvolutions sonores aux mélodies souples, aux lignes de chant émouvantes dont certaines rappellent l'opus précédent, séduisent rapidement. La beauté, puis la violence, s'étendent aux autres pistes. Ainsi, 'Where Have the Children Gone' propose une rythmique presque thrash secondée par une voix distordue et agressive. Cette facette hargneuse est reprise avec plus d'intensité encore sur 'The Last Fight' ou 'Monster'. Qui plus est, sur ce dernier le groupe saupoudre çà et là quelques pincées de grunt rageur - comme d'ailleurs, lui avait préconisé Music Waves il y a quelques temps - qui se marient à merveille avec la voix du maître ... En somme, les morceaux sont grandioses, l'ambiance sombre est prenante, et les musiciens excellents étalent leur immense talent.
"Chronicles Of The Immortals – Netherworld II" est une réussite totale qui n'a rien à envier à son prédécesseur. Il en a la magnificence, bien qu'il soit presque plus sombre et plus metal. La guitare y est transcendante, la voix magique, les claviers époustouflants, Vanden Plas démontre que là où certains se regardent le nombril, lui met tout au service de la mélodie. Les musiciens ne sont pas là pour satisfaire leur ego mais simplement pour magnifier des compositions lumineuses qui nous tirent une larmichette. Cet opus est un des meilleurs du groupe, indispensable, une rondelle époustouflante de sensibilité, belle à pleurer et captivante de bout en bout.