Depuis 2008 et le très bon "Songs From The Sparkle Lounge", les amateurs de Def Leppard n'avaient plus grand-chose de nouveau à se mettre sous la dent. Grand Design enchaînait bien les albums de qualité, mais le combo suédois n'en restait pas moins un clone malgré tout son talent. Alors que les problèmes de santé de Vivian Campbell laissaient craindre le pire, c'est avec surprise que les légendes de Sheffield débarquent avec un nouvel opus, alors que leur guitariste semble avoir pris le dessus sur sa saloperie de crabe. Sobrement intitulé "Def Leppard", enregistré dans le studio personnel de Joe Elliott et réalisé sans la pression d'un contrat, cet album est annoncé par ses géniteurs comme étant un résumé de toute la carrière du groupe.
Et il faut bien avouer que les premiers titres viennent confirmer ces dires et laissent l'auditeur scotché par ce délicieux retour dans le passé glorieux des Britanniques. Avec son introduction faisant penser à celle de 'Let's Get Rocked' ("Adrenalize" - 1992), son riff ressemblant comme deux gouttes d'eau à celui de 'Pour Some Sugar On Me' ("Hysteria" - 1987) et un refrain hyper accrocheur, 'Let's Go' laisse augurer du meilleur. Et la suite est à la hauteur avec un 'Dangerous' digne successeur de 'Photograph' ("Pyromania" - 1983), dynamique et mélodique, bien que reprenant le riff et le couplet de 'Promises' ("Euphoria" - 1999). Puis vient la ligne de basse de 'Man Enough' ressemblant un peu à celle du 'Another One Bites The Dust' de Queen, groupe pour lequel les Leps n'ont jamais caché ni leur admiration, ni leur amitié, et qui rappelle les expérimentations de l'époque "Slang" (1996). Enfin, la ballade mid-tempo 'We Belong' aurait pu figurer sur "Hysteria" ou "Adrenalize" avec sa douce mélodie et son refrain enjôleur. Le chant y est partagé avec Phil Collen pour un résultat suave et séduisant.
Après un tel envol, l'agréable sensation de retrouver le quintet au sommet de son art semble devoir s'installer pour notre plus grand bonheur. Malheureusement, l'essai n'est pas transformé, la faute à une suite plus inégale et à une baisse d'intensité qui aurait probablement pu être évitée sans quelques titres plus dispensables, à commencer par le popisant et kitsch 'Energized' qui renvoie à la délicate époque de "X" (2002). La ballade acoustique 'Last Dance' reste trop proche de 'Two Steps Behind' ("Retro-active" - 1993) et le punkisant 'Forever Young' n'apporte rien, en particulier en venant tout de suite après un 'Broken 'N' Brokenhearted' lui aussi énergique et cru, mais plus rock'n'roll et abouti. Nous retiendrons cependant le rock sombre d'un 'Invicible' flirtant avec la new-wave avec sa grosse ligne de basse et son refrain accrocheur, le musclé et cinglant 'All Time High' ou un 'Wings Of An Angel' plus ambitieux en alternant couplets mélancoliques et refrain plus dynamique.
Au final, et bien que comportant une majorité de titres de qualité, ce nouvel opus éponyme laisse la désagréable sensation d'une œuvre un peu bancale. Un peu comme si les Anglais avaient mal géré leur effort en démarrant trop vite avant de s'essouffler à partir de la mi-course. L'enthousiasme déclenché par les premiers titres laisse place au fur et à mesure à un simple respect artistique voire à quelques moments de désintérêt. Def Leppard s'est peut-être laissé emporter par sa joie de pouvoir enfin nous proposer de nouvelles compositions prouvant qu'il reste un groupe vivant et créatif. Il n'en reste pas moins qu'il faudra mieux équilibrer le prochain opus pour complètement rassurer les amateurs.