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"20 ans après sa sortie, "Joe Satriani" demeure toujours un album à part dans la riche discographie du guitariste."
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5/5
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Quelques mois après la sortie du double album "Time Machine", Joe Satriani n’est pas encore absorbé par la composition du successeur de "The Extremist" quand il est approché par Deep Purple pour remplacer sur une tournée japonaise un Ritchie Blackmore sur le départ. A l’issue de la tournée, l’Américain décline l’offre d’enrôlement à temps plein qui lui est faite par les Anglais pour honorer ses engagements solos. C’est en plein succès, seul ou en groupe, que Satch aborde l’écriture d’un nouveau disque dont la production sera laissée à une oreille extérieure. Après Andy Johns sur "The Extremist", c’est le grand frère Glyn qui sera aux manettes de "Joe Satriani", l’album le plus radical de Joe et certainement un des meilleurs de sa discographie.
Les racines de Joe Satriani sont blues et c'est sa propre interprétation de ce style que l'on retrouve dans l'album éponyme. Afin de transmettre l’atmosphère si chaleureuse que le blues véhicule, Satch s'est entouré d'un accompagnement de très haute volée. Manu Katché aux baguettes, la guitare rythmique du guitariste d'Eric Clapton, Andy Fairweather-Low, et le bassiste que l'on présente plus Nathan East constituent le noyau de ce groupe. Enregistré dans des conditions live sans overdubs, "Joe Satriani" transpire l'énergie captée sur le moment (dont le témoignage a été immortalisé dans le documentaire "Reel Satriani"). La production vintage de Glyn Johns restitue cette communion si particulière en conservant la spatialité des instruments dans le studio pour que l'expérience d'écoute soit immersive.
L'acoustique de "Joe Satriani" est résolument brute et organique, poussant la précision jusqu'à rendre audible ce qui dans la plupart des productions modernes est considéré comme du bruit parasite. Ainsi on entend le toucher de Satch bambocher sur le manche à chaque évanescence de ses bends ('Down Down Down' et 'Home'), le mouvement de balancier palmaire sur les arpèges de Fairweather-Low et la vibration épidermique de la caisse claire de Katché à chacune de ses frappes. Le son de Satch n'est séparé de la pureté propre du Marshall que par l'entremise de quelques effets, wah-wah, delay et whammy principalement, utilisés avec sagesse.
Le blues est soit abordé dans une synthèse quasiment pure ('Down Down Down', 'S.M.F', 'Slow Down Blues' ou 'Sittin' Round'), sur laquelle le jeu de Satch se fait plus décontracté que d’habitude, soit en s’emparant de sa fragilité, de son énergie et de sa cadence pour architecturer des compositions qui demeurent signées de la patte reconnaissable du maître. La musique de l’Américain groove comme jamais sur les morceaux les plus directs (‘Cool#9' et 'IF'), et réussit l'association surprenante avec son lyrisme spatial ('Luminous Flesh Giants'). L'apparente tranquillité du style n'empêche pas Joe Satriani et sa bande de jouer sur les contrastes et les extrêmes.
A ce jeu-là se succèdent autant la déstructuration d'un be-bop ('Killer Bee-Bop') que la délicatesse d'un phrasé éthéré au service de mélodies pleines d'émotions ('Home'), la puissance du métal ('Luminous Flesh Giants') et la finesse de la pop aérienne (la splendide '(You're) My World'), la ronde sonorité de la guitare électrique moderne ('Moroccan Sunset') et la résonance archaïque du dobro ('Slow Down Blues'). En allant chercher ses fondements originels dans le blues, Satch retrouve un souffle créatif et une liberté qu'il fait partager dans des mouvements de grande ampleur et des crescendos où les sensations sont à fleur de peau ('S.M.F' et 'Slow Down Blues'). Signes de sa sérénité, Satch s'autorise quelques-uns de ses péchés mignons, comme l'harmonica dans 'Look My Way' et 'S.M.F' (qui devait être joué par Mick Jagger à l'origine) et le chant (alors que ce n'est pas son fort) dans le remuant 'Look My Way'.
L'année 1995 est une année charnière pour Joe Satriani, celle de beaucoup de changements. Dans l'apparence tout d'abord, même si c'est anecdotique, avec la mesure radicale du crâne rasé et des lunettes noires, mais surtout dans le changement de musiciens et de producteur qui l'ouvre sur de nouvelles fréquentations, et le retour au genre musical qui l'a formé avant d'entamer une aventure de plain-pied dans la modernité. Pour toutes ces raisons qui en font un disque encore plus particulier, "Joe Satriani" est probablement son œuvre la plus introspective et la plus émouvante. Bien qu'il demeure innovant et passionnant sur les albums qui suivront, 20 ans après, "Joe Satriani" reste son dernier opus incontournable.
Plus d'information sur
http://www.satriani.com/
LISTE DES PISTES:
01. Cool #9 02. If 03. Down 04. Luminous Flesh Giants 05. S.M.F 06. Look My Way 07. Home 08. Moroccan Sunset 09. Killer Bee Bop 10. Slow Down Blues 11. (you're) My World 12. Sittin' Round
FORMATION:
Manu Katché: Batterie Andy Fairweather-Low: Guitares Eric Valentine : Basse / Claviers / 4 Ethan Johns: Batterie / 4 Greg Bissonette: Batterie / 6 Jeff Campitelli: Batterie / 11 Joe Satriani: Chant / Guitares / Basse / Dobro, Harmonica Matt Bissonette: Basse / 6 Nathan East: Basse
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DERNIERE INTERVIEW
JOE SATRIANI (23 JUIN 2014)
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Juste avant son entrée sur la scène mythique de l'Olympia, Music Waves a eu le privilège de se voir accorder une brève interview exclusive avec un guitar hero tout aussi mythique, Joe Satriani pour faire un tour rapide et exhaustif de sa longue carrière.
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