Il faut croire que le planning des réservations de la DeLorean du Docteur Emmet Brown (cf Retour vers le futur, pour ceux qui n'auraient pas compris) doit être bien rempli, car le nombre de formations nous offrant une musique directement inspirée des années 80/90 croît de jour en jour. Si ce sont souvent des groupes scandinaves qui nous offrent ce voyage dans le temps, voici qu'une bande de Parisiens vient nous prouver que l'hexagone a également son mot à dire. Déjà remarqué en 2012 avec "Independance", son premier opus, le groupe n'est pas formé de nouveaux venus. Avec Butcho (Watcha) au chant, Carvin alias Julien Gatter (Aesthesia) à la guitare, et une section rythmique composée de deux membres des High-School Motherfuckers (Pamyz à la batterie, et Stuffy qui troque ici sa guitare contre la basse), il n'y a pas de quoi s'inquiéter sur le niveau technique du désormais quatuor, même après le départ de Bady (Sweet Silence) qui n'a pas été remplacé au poste de second guitariste.
Reprenant les choses là où son prédécesseur les avait laissées trois ans auparavant, "Extra Balls" nous replonge dans le temps béni où des groupes californiens squattaient les ondes FM US et les écrans de MTV avec leur hard rock glam si typique. Difficile de ne pas penser à Danger Danger ('I Love L.A.'), Warrant ('Count 123', 'Dr. Addict'), Poison (la ballade 'Heaven & Hell' ou le festif 'Fuel For Soul'), voire au Bon Jovi de l'époque "Slippery When Wet" ('Starlight Queen'), mais Pleasure Addiciton a suffisamment de talent et d'inspiration pour éviter les copies pures et simples. Et c'est un tourbillon d'énergie et d'une bonne humeur contagieuse qui emporte tout sur son passage, faisant oublier l'absence quasi-totale d'originalité de ces 11 titres qui opèrent une véritable cure de jouvence sur les auditeurs qui se secouaient la tignasse devant les groupes précédemment nommés.
La section rythmique assure une prestation sans faille sur laquelle viennent s'appuyer un chant parfaitement adapté au style, ainsi que les interventions rutilantes de cette patte gauche de Carvin. Tout comme C.C. DeVille (Poison), il est parfaitement capable d'occuper l'espace sonore sans laisser une impression de vide, et ses soli viennent régulièrement colorer des titres déjà bien carrossés à l'origine. Quant à la prestation de Butcho, elle évite l'écueil de l'accent sur lequel viennent régulièrement échouer les formations françaises se frottant à la langue de Shakespeare. Parmi les sommets de l'album, nous retiendrons l'introductif 'Don't Let Me Down' avec son intro sleaze à la Backyard Babies, un 'Hey Boy' qui aurait sans aucun doute cartonné sur MTV à l'époque, et la tornade 'Lights & Wonders' qui fait office de single.
En ces temps sombres, il serait dommage de se passer d'un tel bol d'air frais, et de rendre hommage à une formation hexagonale qui se montre à la hauteur des concurrences scandinave et anglo-saxonne. Pleasure Addiction réussit la gageure de rester singulier sans être original et de communiquer une belle dose d'énergie positive à un public français qui en a bien besoin. Aux côtés de Blackrain, il porte haut et fièrement l'étendard d'un hard US qu'il a décoré aux motifs tricolores sans le dénaturer.