Il est amusant de constater qu’à chaque fois que l’on parle de métal prog, on fait référence aux maîtres incontestés, à ceux que beaucoup assimilent comme étant les géniteurs de ce style, je veux bien évidemment parler de Dream Theater. Et pour ne rien arranger, DT a de nombreux descendants directs, ce qui rend encore plus ardu la tache de se démarquer... Citons Liquid Tension Experiment, Planet X, Derek Sherinian, les collaborations et albums solos de Jame Labrie.
Après une intro pareille, vous avez vite compris à quel genre, nous avons à faire ici. Avec ce 1er disque intitulé « Colossus ADEA », Parallel mind espère se faire un nom dans la désormais grande famille du métal prog. Pour cela, ce trio (basse, batterie, claviers) issus de Chicago, nous propose une œuvre totalement instrumentale mélangeant allègrement le prog, le jazz fusion et le métal.
Nous pensons immanquablement au monde de DT avec Liquid Tension Experiment et Planet X. Mais il est toujours difficile, surtout lors d’un premier essai, de se montrer tout aussi convaincant, que ses propres maîtres. Ceci dit, cet album ne manque pas de qualités. En voici quelques exemples...
La production est impeccable et met particulièrement bien en évidence le jeu de William Kopecky à la basse (déjà connu pour avoir collaboré avec Par Lindh Project dans le live in Iceland et le guitar héro Michael Angelo). Les amateurs de basses virtuoses aux lignes variées et appuyées seront donc ravis car dans de trop nombreuses productions métal, la basse est enfouie sous les déluges sonores. Plusieurs fois, cette basse me fait penser aux 2 dernières productions de Rush. La section rythmique de Parallel Mind est le point fort du groupe avec à la batterie Joe Babiack, qui se montre irréprochable techniquement et impose une force de frappe puissante, carrée et précise. Quant à Nibanh Nadkarmi, il met en place les ambiances et ne cherche pas à produire des déluges de notes à la minute avec ses claviers.
L’originalité du groupe se trouve justement dans cette volonté d’éviter le surplus de débauche technique en privilégiant la subtilité des mélodies. Ainsi nous avons l’agréable surprise d’écouter des compositions relativement accessibles, assez loin finalement de la virtuosité d’un Liquid tension experiment.
La guitare, tenue par Saar Schnitman, n’intervient qu’une seule fois dans le très réussi «Chromanic » avec un solo court à la Petrucci qui succède à un break ou les claviers insinuent une ambiance feutrée au milieu de la basse aux lignes chaloupées.
« Into the depths », judicieusement placé au milieu de l’album, fait office de bouffée d’oxygène entre 2 compos métal/jazz fusion. Ce morceau - trop court (5mn) - développe une ambiance éthérée avec un piano mélancolique et des chœurs féminins envoûtants. « Casa de jug » est la surprise de l’album avec ses ambiances salsa/swing et son solo de trompette qui semble autant être à sa place qu’un cheveux sur la tête de Jordan Rudess. Par contre, elle était mieux placée dans le très riche « Chromanic ».
Cela étant, malgré tous ces efforts pour diversifier sa musique, le groupe ne profite pas de la liberté qu’offre le jazz pour sortir de ses plans trop carrés et trop réfléchis. Dans « Casa de jig » notamment, juste avant l’intervention de la trompette, le rythme s’emballait bien et on était pas loin des improvisations jazz.
A trop vouloir ne pas tomber dans l’excès de démonstrations techniques, Parallel mind est resté cantonné dans des compositions qui tournent en rond manquant cruellement d’émotion (sauf pour «into the depths »). Le claviériste a parfois un jeu un peu trop aseptisé et ne se montre pas assez inventif. C'est dommage car c’est pourtant le style qui s’y prête le plus.
Pour un 1er effort, on ne peut pas dire que Parallel Mind casse la baraque, mais avec une telle maîtrise technique et en prenant conscience des défauts de ce « Colossus ADEA », ils ont toutes les chances de nous surprendre agréablement la prochaine fois.