Seven Steps to The Green Door est un groupe qui intrigue. Pas seulement en raison d'un nom à coucher dehors, mais bien par sa musique, versant dans un rock progressif toujours mélodique, mais évitant soigneusement la simplicité. Leur précédent album, "The Book ?", s'avérait une réussite hautement stimulante. Autant dire que cette nouvelle production nommée "Fetish" était attendue avec une pointe d'impatience, curieux que nous sommes de savoir si le septuor allemand allait continuer à éveiller notre curiosité ...
D'emblée, les marqueurs SSTTGD sont là : après un court prélude vocal qui sera resservi en conclusion, le groupe télescope les thèmes et les rythmes, refusant d'accorder le moindre confort à l'auditeur. Mais le constant souci mélodique et l'intelligence de l'écriture permettent de conserver l'intérêt, si bien que les mesures impaires, les polyrythmies et autres polyphonies, les changements de style qui justifient pleinement l'appellation de "crossover prog" revendiquée par le groupe, passent comme une lettre à la poste.
Il en découle d'éclatantes réussites, à l'image de 'Still Searching', qui accole rythmes binaire et ternaire, ou n'hésite pas à proposer une polyphonie chorale a cappella dans un morceau admirable par la multiplicité des ambiances et thèmes exposés. Tout au long de l'album, les voix sont remarquables, variant les registres et jouant avec maestria sur l'alternance des timbres masculin / féminin.
Les pistes, d'une longueur conséquente pour permettre d'exposer les multiples idées - aucun morceau ne fait moins de sept minutes - jouent plus sur les juxtapositions, souvent dans un esprit assez proche de séquences cinématographiques, que sur les longs développements : peu de grands solos, à part deux interventions bien senties à la guitare, sur la fin de 'Still Searching' et 'Last Lullaby'. Notable exception à cette règle, l'ultime 'Ordinary Maniac' qui tout au long de ses 16 minutes garde des structures rythmiques plus accessibles et développe un long passage instrumental où synthés, guitare, Hammond se succèdent en un magnifique final.
"The Book ?", par l'utilisation d'un thème récurrent et une certaine continuité dans les compositions, était peut-être plus homogène. Mais ce "Fetish" réussit la prouesse de concilier une belle complexité rythmique, une grande variété de thèmes à l'intérieur des morceaux et un abord mélodique des plus réussis, même si parfois il prend le risque, au détour d'une partie plus débridée ('Imprisoned'), de perdre l'auditeur dans sa recherche de complexité. Résolument moderne, tendu par une basse rythmique fréquemment distordue apportant un sentiment latent d'inquiétude, cet album souvent déroutant mérite largement un petit effort pour en percer tous les secrets. Vous ne serez pas déçus.