ARTISTE:

ZEUS!

(ITALIE)
TITRE:

MOTOMONOTONO

(2015)
LABEL:

KLONOSPHERE

GENRE:

AUTRES

TAGS:
Dissonant, Expérimental, Growl, Instrumental, Technique
""Motomonotono" ou la bande son de la colère de Zeus!"
NUNO777 (15.09.2015)  
1/5
(0) Avis des lecteurs (5) commentaire(s)

Deux instruments dont l'orientation première est rythmique ne suffisent pas, a priori, à apporter la matière mélodique nécessaire à la construction d'un morceau de musique. L'association unique basse-batterie est rarement tentée mais quelques grandes figures ont essayé l'aventure, avec plus ou moins de succès, comme Niacin, Billy Sheehan et Terry Bozzio. ZEUS! est un duo formé en 2009 par le batteur Paolo Mongardi et le bassiste Luca Cavina, qui présente deux albums dans sa discographie. Le binôme a délibérément pris le parti de se suffire à lui-même et de pousser la fusion de la basse et de la batterie jusqu'à son point d'extrême audibilité.

Les deux Italiens ont de l'humour et une once d'autodérision, c'est au moins ça de pris, car nul besoin d'être italophone pour comprendre le sens du titre de ce disque "Motomonotono". Ce qui apparaitra comme un titre énigmatique éclatera dans toute son évidence au fur et à mesure de l'épreuve qui attend l'auditeur. "Motomonotono" est bien une succession de motifs monotones éructés par une basse et une batterie dans un groove mécaniste pandémoniaque, incessant et répétitif qui perd sa raison d'être en étant perpétué en boucle. Les genres s'y succèdent et s'y mélangent dans des bacchanales sataniques et métalliques de jazz-math-core, punk et noise.

Les deux instrumentistes ont voulu la quasi-inexistence des progressions et constructions harmoniques pour leurs dix exercices bruitistes et expérimentaux. "Motomonotono" inflige dix sévices terriblement bien étudiés qui annihilent toute possibilité de décortiquer l'œuvre et ligotent toute tentative de penser. A l'issu de l'épreuve qui durera 48 minutes et 55 secondes, quand le silence revient, c'est encore groggy que la victime est prise de vertige : comment une simple combinaison de départ basse-batterie peut générer autant de complexité et de chaos.

ZEUS! ne se cantonne pas de saturer l'espace d'une matière martelée, saccadée ('Colon Hell'), discordante ('San Leather'), angoissée ('Forza Bruta Ram Attack') et dénuée de mélodie. Le bassiste Luca Cavina est aussi chanteur et ses prurits grind de 'All You Grind Is Love' (le groupe a de l'humour, je vous disais) et 'Rococock Fight' déchirent le maelström pour en accroitre le côté malsain. Quelques moments atmosphériques minimalistes et stridents ('Panta Reich'), sortes de bruits de fond qui fendent l'air lors d'une panne générale de salle des machines, arrivent avec bonheur pour permettre de reprendre son souffle mais le retour des hostilités est invariable.

Les référentiels habituels pour aborder la musique sont inopérants avec "Motomonotono", et il faudra absolument s'en convaincre pour ne pas se laisser envahir par le malaise. A réserver aux amateurs avertis (et il semble y en avoir si l'on en juge par certains commentaires) ou à ceux qui, au contraire de Victor Hugo qui disait que "la musique, c'est du bruit qui pense", entrevoient la musique comme du bruit qui s'abandonne.


Plus d'information sur https://www.facebook.com/zeusband



GROUPES PROCHES:
-


LISTE DES PISTES:
01. Enemy E Core
02. Colon Hell
03. Forza Bruta Ram Attack
04. San Leather
05. Krakatoa
06. Panta Reich
07. All You Grind Is Love
08. Rococock Fight
09. Shifting
10. Phase Terminale

FORMATION:
Luca Cavina: Chant / Basse
Paolo Mongardi: Batterie
   
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(5) COMMENTAIRE(S)    
 
 
ADRIANSTORK
17/09/2015
  0
Souviens-toi du sort de Prométhée, qui avait osé critiquer Zeus.
NUNO777
17/09/2015
  1
Quand la contradiction est apportée d'une si belle manière je ne peux que m'incliner!
ADRIANSTORK
17/09/2015
  1
Zeus! Blague de potache ou sérieux projet de déstabilisation sensible de nos oreilles? Il est difficile d'apporter une réponse claire, à l'image des deux béliers prêts se lancer dans une joute sanglante. Grand amateur de minimalisme et des chants hurlés à la Intercostal, nos deux italiens, pince-sans-rires sur la pochette intérieure, nous invitent dans un voyage ténébreux, d'où il n'est pas possible de s'éjecter. Une fois que vous êtes partis faire un tour sur le bolide, il est difficile de s'arrêter. Forza Bruta et l'hilarité de Kolon Hell vous prouveront en vous épargnant tout 'ennuyeux raisonnements que la direction prise est loin d'être le Paradis. San Leather vous fait progresser dans un tunnel des horreurs où à chaque interstice, surgit un vilain clown qui vous serine les oreilles à coups de riffs de guitare. On pourrait arguer que ''c'est toujours la même chose'', mais tout exercice de torture qui se respecte propose une progression dramatique lisible et visible. Si les coulées de lave de Krakatoa couplées aux sueurs froides de Panta Reich nous font mijoter quelques instants, voilà que Rococock Fight se présente les mains gantées prêt à tailler dans l'os. Shifting est la lumière au bout du tunnel, celle qui va vous permettre d'échapper à votre cauchemar. Mais le rêveur se réveille et est toujours allongé dans sa chambre froide. Ce chef d'oeuvre (car oui c'en est un) se termine par un apaisant Phase Terminale, point logique d'aboutissement pour cette aventure sonore. Le seul bémol que nous pourrions formuler serait qu'à l'écoute de l'album dont les pistes sont enchaînées, il est difficile de savoir si notre calvaire va se poursuivre ou est en voie de s'achever. Mais grâce au bouton replay, la magie est éternelle.
NUNO777
15/09/2015
  0
Merci Tony pour ta compassion!
TONYB
15/09/2015
  1
Magnifique chronique ! Et respect pour avoir eu le courage de s'infliger l'audition d'un tel objet.
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2.7/5 (3 avis)
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