Originaire d'Ottawa au Canada, Hellbros est un quatuor fondé par les frères Jurt, Peter (chant et guitare) et Christian (guitare). "Goodtime Machine", son premier album, avait obtenu un oscar du meilleur album 2012 dans la catégorie rock / hard rock dans son pays natal. Depuis, un EP a suivi ("Calling All Giants") avant que Bad Reputation ne repère le groupe et ne lui permette de s'attaquer au marché européen avec son nouvel opus éponyme. Le label d'Eric Coubard ayant pour habitude de signer des formations dont l'authenticité ne peut pas être remise en question, voilà qui est un gage de qualité pour la formation nord-américaine.
Œuvrant dans un hard-rock graisseux et direct, sans aucune fioriture et porté par la voix éraillée de Peter Jurt, Hellbros n'est pas là pour nous compter fleurette. La première référence qui vient à l'esprit est Nashville Pussy. Il faut dire que l'organe du chanteur partage avec celui de Blaine Cartwright cet aspect rocailleux biberonné à l'alcool plus ou moins fort. Il n'hésite d'ailleurs pas à s'arracher ce qui lui reste de cordes vocales à plusieurs occasions, que cela soit pour lancer 'Street Party', premier titre punkisant allant droit au but, ou sur les morceaux les plus méchants et cinglants ('Father Time', 'I Hear Drugs'), ne laissant aucun doute sur la colère qui l'habite. L'ensemble ne dépasse que très rarement les quatre minutes, préférant l'efficacité aux figures de style pour une agressivité qui arrache les chairs trop tendres ('Kill You', 'Terminator').
Mais bien que le chant maintienne systématiquement l'auditeur dans cette ambiance électrique et cinglante, les Canadiens sont cependant capables de variations qui évitent une trop grande linéarité à l'ensemble. Le hard-rock puissant mais un peu plus mélodique de 'For The Worst' n'est pas sans rappeler les Danois de D.A.D, alors que le single 'Dead City Rockers' s'appuie sur les fondations d'un bon vieux rock des familles qu'il gonfle à la testostérone de chœurs virils et fédérateurs. A noter également l'ambiance graisseuse mais plus harmonieuse de 'Tresspassing By Night', et surtout un 'Shoot The Horse' qui lève le pied pour se faire plus malsain et torturé.
Avec son album éponyme, Hellbros s'adresse aux amateurs d'un hard-rock crasseux et méchant qui préfère les uppercuts aux préliminaires sans fin. L'authenticité du quatuor ne peut pas être remise en question et l'efficacité est incontestable. Il reste maintenant aux Canadiens à se faire une place au milieu de la multitude de formations proposant une musique qui ne mise pas particulièrement sur l'originalité. Dans l'ombre du combo de Ruyter Suys et Blaine Cartwright, il n'y a actuellement que des miettes pour lesquelles il va falloir se battre avec d'autres tels que les Néerlandais de Black-Bone ou les Polonais de Chemia, pour ne citer que les plus récents concurrents.