Et le grand gagnant du jour est.... Beartooth ! (bruits de bravo et autres cris de joie).
Car oui, dans la masse grouillante des combos metalcore américains, il n'est pas toujours facile de sortir du lot. Au point qu'on se demande des fois si certains n'auraient pas plus de chance de réussir l'ascension de l'Everest en poussant une cacahouète avec leur nez qu'en perçant dans le style suscité. Mais trêve de divagations, parlons musique que diable !
Fondé en 2012 par le chanteur Caleb Shomo (ex Attack Attack!), qui sera à lui seul à l'origine du premier EP du groupe (il chante, produit et joue de tous les instruments), Beartooth est aujourd'hui un groupe à part entière dont la raison d'être semble de vouloir détraquer les nuques de tous les jeunes fans américains et internationaux. Alors, mission accomplie ?
Et bien non et trois fois non !!! Si le premier titre est écoutable malgré un léger écoulement sanguin au coin des oreilles, un album complet peut s'avérer très dangereux pour la santé. "Pourquoi il a mal le monsieur ?" s'exclame déjà mon fils à l'autre bout de la pièce, les mains sur les oreilles alors que la barre de mon PC m'annonce que 'The Lines' en est à peine à la moitié de sa durée.
Si certains refrains nous font oublier le calvaire, le brame désaccordé sur la dernière syllabe (et que l'on retrouve, oh mon dieu, sur tous les couplets) ouvrira sous vos pieds une trappe emplie de pointes acérées et de bestioles dégueulasses. Ça n'est pas que votre serviteur n'aime pas les grosses voix bien brutales et les cris écorchés, mais si peu habités et tellement autosuffisants, ça n'est plus musical, juste bruyant. Puis très vite agaçant.
Ajoutez à cela un groupe qui derrière balance une musique tellement linéaire et rébarbative qu'on finirait par croire à une programmation, il ne reste que peu de choses à louer ici. Certains riffs comme celui de 'Body Bag' ou 'Relapsing' voire le plus lourd 'I Have A Problem' qui semblent un instant vouloir nous offrir un peu de consistance ne sont pas mauvais en soi, la rythmique derrière semble ne connaître qu'un seul mode opératoire et Shomo, tel un imperturbable ouvrier, démonte tout inlassablement.
Victor Hugo disait : "la musique c'est du bruit qui pense". Alors Beartooth fait à moitié de la musique, et très bien même. Pour ce qui est de penser, il faudra très sérieusement se remettre en question, et retenter un prochain tirage. A demain pour découvrir "un nouveau gagnant du jour".