Régulièrement certains batteurs sortent de leur position en retrait pour se mettre aux avant-postes. Le très éclectique batteur Koen Herfst est de cette trempe. Quelques-unes de ses implications suffisent à prouver que ses goûts artistiques ont peu de limite : Armin Van Buuren, I Chaos, Dew-Scented, Bagga Bownz. Le cogneur batave a décidé de composer son premier album solo "Back To Balance" avec une liste impressionnante d'invités venant d'horizons très différents. Une telle variété ne va-t-elle pas nuire à la cohérence et la bonne tenue de ce premier disque?
Si cohérence veut dire le choix et la conservation d'un style alors "Back To Balance" fait voler en éclat cette définition. Reflétant le panel très large d'influences de Koen Herfst (rock, metal, pop, hip-hop, dance, electro), "Back To Balance" est un disque de metal moderne qui ne renvoie jamais la même image selon les pistes. Les changements de musiciens d'un titre à l'autre participent à renforcer ce sentiment de diversité déjà fortement impulsé par la grande liberté de création de Koen Herfst. Pour son premier album solo, le percussionniste montre un visage audacieux et une écriture osée qui ne craint pas les mariages risqués.
Le metal développé ici se décline sous forme de chansons et d’instrumentaux (cinq en tout) dans des modalités qui vont de la fusion très puissante (‘Social Junkie’, ‘Siamese Support’) au power metal progressif ('Begone'), dans des ambiances parfois sombres (la superbe ‘I Don’t Need To Tell You’ qui rappelle Beyond Twilight) ou dissonantes (‘Now Is The Time’), en passant par les cadences hip-hop (‘Total Hate’) ou les agréments electro ('Ghetto Concerto’). La puissance et l'énergie n'empêchent pas la précision de s'incarner dans un très subtil travail concernant les chants et les chœurs (‘Attitude Of An Astronaut’) et les finitions particulièrement originales quand elles voient le violon (‘Here I Am’, ‘I Don’t Need To Tell You’ ou ‘1916’), les orchestrations (la fin de ‘Erase Or Ewind’ et la patine orientalisante de ‘Begone’) et les samples ('Here I Am') ajouter des additifs inattendus à l’alliage métallique déjà synthétisé.
Si la cohérence implique que les compositions du disque trouvent une ligne directrice, un son et une atmosphère propres qui se déclinent tout au long de son développement, alors "Back To Balance" réussit ce pari. Que le format soit instrumental ou chanté, la constance mélodique est présente sans que jamais la grande virtuosité des prestations ne vienne l’étouffer. Bien évidemment Koen Herfst, particulièrement mis en avant par le mixage, profite de l’occasion pour se faire plaisir à la batterie (‘1946’, ‘The Kramer’ ou ‘Back To Balance’) notamment lors des instrumentaux tous impressionnants de créativité. Mais les pures démonstrations techniques restent marginales et c’est en musicien fin et racé qu’il joue sa partition dans la majorité des morceaux. Si on peut déceler quelques longueurs dans ‘Never Been So Long’ ou faiblesses dans les harmonies de ‘Now Is The Time’, tous les autres titres de "Back To Balance" sont des modèles de construction dont on ne peut que saluer les qualités mélodiques.
Pour son premier album solo, Koen Herfst frappe un grand coup en accomplissant ce qui s'apparente au disque idéal. Koen Herfst s'est montré un musicien généreux et attentionné en invitant tous les amis avec lesquels il a joué dans sa carrière, et un artiste confirmé en composant un disque jamais ennuyeux et multiforme qui conserve son estampille et sa signature personnelles de bout en bout. Pour toutes ces raisons "Back To Balance" est une vraie belle découverte et une solide recommandation.