Trois ans après "Lonely Hills", son premier album réalisé dans l'indifférence des médias mais reconnu par la critique spécialisée, le groupe texan The Aaron Clift Experiment remet le couvert. Tout comme Manfred Mann, le groupe tire son patronyme du nom de son leader qui officie aux claviers et aux chants. Comme il aime le dire, Aaron Clift se considère comme un musicien scientifique qui dans un laboratoire sonore expérimente en les combinant différents styles de musique, notamment le rock et la musique classique et symphonique. Est-ce que ce nouvel opus teinté de noir aura trouvé la formule magique?
Le groupe considère son nouvel effort discographique comme un combat entre lumière et ténèbres. La première partie de l'album illustre parfaitement cet affrontement. 'Kissed By The Sun', logiquement choisi comme single, met en avant un son heavy produit par la guitare auquel répondra un solo lumineux de basse et de claviers. 'Fragments Of Sleep' éclaire parfaitement cette dualité et fonctionne comme une étincelle au milieu des ténèbres. La seconde partie de l'album se fait plus aventureuse et tente d'après le groupe de réconcilier les deux contraires. Même s'il est plus facile de théoriser que d'expérimenter, on peut reconnaitre au groupe d'avoir fait un effort plus symphonique sur sa deuxième face. 'Bathed In Moonlight' , 'Moonscape' et 'The Last Oasis' sont des petites symphonies paisibles mais ambitieuses.
Pourtant sur cette seconde partie, la mayonnaise ne prend toujours pas. Les morceaux sont agréables mais tendent à s'étirer ad nauseam, sans proposer d'alternative à un son ouaté. 'Moonscape', considérée comme le fer-de-lance du groupe, une longue piste qui invoque les références de Pink Floyd et Genesis, ressemble moins à ses idoles qu'à une accumulation exsangue de thèmes certes agréables, mais pour lesquels tout idée de progression est mise à l'écart. Une version réduite aurait été mieux venue. Si les soli de guitare sont toujours bien sentis, la voix du chanteur, certes assez reposante, manque cruellement de conviction, ce dernier chantant sur le même ton sur tout l'album (à l'exception de la première piste).
Ce nouvel opus du groupe américain montre qu'il n'est plus très loin de passer à la vitesse supérieure. Un peu plus d'audace et moins de maniérisme lui permettront de s'affranchir de références encombrantes pour nous inviter à voyager. La morale de cet album : il est bien difficile d'encadrer la lutte entre lumière et ténèbres et chercher une solution à ce conflit n'apporte qu'un ennui béat.