La discographie de Joe Bonamassa contiendra bientôt plus d'albums live que studio. Mais comme chacun le sait, le blues, c'est en live qu'il s'exprime le mieux, libérant toute son émotion, sa fougue, son âme. Et ça n'est pas cette énième captation du natif de New Hartford qui viendra nous contredire.
Après nulle part en particulier ("From Nowhere In Particular" - 2008), le Rockpalast, le Royal Albert Hall, le Beacon Theater et plus récemment l'opéra de Vienne, Joe nous enchante cette année depuis l'historique Radio City Music Hall de New York. La prestation a été enregistrée les 23 et 24 Janvier 2015 pour être restituée sur DVD (la version CD chroniquée ici contient 6 titres de moins).
L'un des avantages des CD/DVD live de Joe, c'est que ce dernier évite la redite. Ici et tout logiquement, ce ne sont pas moins de cinq titres qui sont issus de son dernier méfait studio de 2014 ("Different Shades Of Blue"). Mieux, pour l'occasion le boss nous offre un titre inédit, le riffu et déjà classique 'One Less Cross To Bear' et, cerise sur le gâteau, ce sont deux différents sets qui sont proposés ici (et durant toute la tournée également) puisque, autour du maître, une formation électrique intervenant sur les 4 premiers et 4 derniers titres de l'album vient prendre en sandwich une délicieuse formation acoustique héritant de la partie centrale du show. Les Huckleberries, puisque c'est ainsi qu'ils se nomment, épaulent notre guitariste acoustique avec grâce et légèreté aux sons de flûte, mandoline, piano et percussions. Ainsi, des classiques comme le grave 'Dust Bowl' et le très Dire Straits 'Happier Times' ou les plus récents 'Trouble Town', le poignant 'Different Shades Of Blue' plus intimiste encore que dans sa version studio et un 'Still Water' porté par un mélancolique violon se parent d'une nouvelle couleur et s'avèrent même parfois plus authentiques que les originaux.
Quant au set électrique, il fait une fois encore carton plein avec les brûlots que sont le binaire et cuivré 'I Can't Be Satisfied' d'ouverture, le nouveau 'One Less Cross To Bear', sur lequel piano, claviers, percu, basse et batterie ont chacun droit de cité dans une jam électrique, 'Love Ain't A Love Song' au long solo d'orgue gorgé de soul et les langoureux voire poignants 'Never Give All Your Heart' et 'So, What Would I Do'. Et si Joe se fait velours et aérien en version acoustique, il déchire tout à grande saillies de guitare dès que possible sur des soli qui tiennent la dragée haute à de nombreux maîtres du genre ('I Gave Up Everything...' par exemple).
Si le groupe derrière n'en place jamais une à côté et délivre son set avec une classe folle, offrons une mention spéciale à la section des cuivres qui apporte une saveur toute particulière aux titres et se lâche avec délice sur la fin, et au bassiste Carmine Rojas dont le jeu rond et chaud fait une fois encore merveille.
Ce n'est pas encore aujourd'hui que Monsieur Bonamassa viendra nous décevoir, sa constance et son talent semblant le mettre à l'abri de tout faux pas, au point que cela en deviendrait presque irritant.