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"Plus proche d'un album funk que rock, "Young Americans" n'a pratiquement d'intérêt que dans son titre éponyme."
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2/5
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Il est parfois utile de connaître la vie des artistes pour comprendre le pourquoi de certains albums. Ainsi en est-il de "Young Americans" qui avait de quoi surprendre les fans de David Bowie lors de sa sortie en 1975. Certes, le chanteur anglais avait déjà fait la preuve de son don de caméléon pour humer les modes et se les approprier, rendant certaines mélodies imprévisibles et conférant à son œuvre une impression d'évolution permanente. Mais, après plusieurs albums marqués du sceau d'un rock pur et dur, rien ne laissait prévoir cet album … de funk et de soul.
Rien ? Ce n'est pas tout-à-fait exact. Sur l'album précédent, "Diamond Dogs", '1984', dont le titre emblématique en parfaite symbiose avec le concept pouvait laisser espérer une musique futuriste et mystérieuse, dévoilait finalement une ambiance très américaine constituée de guitares rythmiques funky, nappes de violons satinées et chœurs glamour. Car c'est bien de cela dont il s'agit sur "Young Americans". Finis le rock décadent, le glam, les voix acidulées, les riffs de guitare, Bowie fait de la musique noire.
Un avant-goût avait été donné aux spectateurs de sa tournée américaine de 1974, qu'on peut écouter sur l'enregistrement "David Live", où Bowie repeint ses tubes de couleurs funk et soul à faire frémir d'horreur ses fans les plus acharnés (il suffit d'écouter la version groovante d''Aladdin Sane' pour se faire une idée, seul le solo de piano ayant survécu au massacre). Si sur l'album précédent Bowie assurait une grande partie du travail instrumental à lui seul, il se fait aider par une équipe pléthorique pour ce nouvel opus (guitare, basse, sax, claviers, un batteur, deux percussionnistes, trois choristes), allant même jusqu'à disposer de deux orchestres différents, celui officiant sur 'Across The Universe' et 'Fame' étant spécifique à ces deux titres.
L'écoute de "Young Americans" laisse le souvenir d'omniprésentes guitares rythmiques funky, d'effets wah-wah, de chorus de sax, de chœurs aussi généreux que sirupeux, de percussions envahissantes … et c'est à peu près tout. Les mélodies sont concassées par ce déferlement rythmique, noyées dans une Chantilly à l'américaine un peu écœurante, à tel point qu'elles finissent par toutes se ressembler. Quant au chant, Bowie se perd dans une affectation agaçante, abusant de nonchalance, de susurrements et de soupirs, quand il ne se prend pas au détour d'une onomatopée suraiguë pour Michael Jackson.
Du lot, on retient quand même le titre éponyme, 'Across The Universe' et 'Fame', pas toujours pour le meilleur. En effet, 'Across The Universe' est un massacre en règle du titre des Beatles, avec l'approbation de Lennon : difficile pour l'auditeur de comprendre les intentions de Bowie lorsqu'il reprend ad libidum pendant un tiers de la chanson 'Nothing's gonna change my world' avec une agressivité forcée. 'Fame', co-signé par Lennon et Carlos Alomar, nouveau venu dans la sphère bowienne et qui va accompagner l'Anglais durant quelques années, s'en tire mieux. Les guitares rythmiques sont toujours funky, mais Bowie est plus convaincu/convaincant dans son interprétation. Enfin, 'Young Americans' consacre l'harmonie entre rythmiques noires et chant blanc. David Bowie y fait une véritable démonstration de sa maestria, montant en intensité au fil du temps et superbement soutenu par le sax.
Ces deux titres font naître le regret que Bowie n'ait pas su mieux mettre sa patte sur le reste de l'album. Celui-ci lui échappe un peu et n'en ressort qu'une bouillie sirupeuse rapidement écœurante.
Plus d'information sur
http://www.davidbowie.com/
LISTE DES PISTES:
01. Young Americans (05:10) 02. Win (04:44) 03. Fascination (05:43) 04. Right (04:13) 05. Somebody Up There Likes Me (06:30) 06. Across the Universe (04:30) 07. Can You Hear Me? (05:04) 08. Fame (04:12)
FORMATION:
Andy Newmark: Batterie (1-5,7) Ava Cherry: Choeurs Carlos Alomar: Guitares David Bowie: Chant / Guitares / Piano David Sanborn: Saxophone Dennis Davis: Batterie (6,8) Earl Slick: Guitare (6,8) Emir Kassan: Basse (6,8) Jean Fineberg: Choeurs (6,8) Jean Millington: Choeurs (6,8) John Lennon: Chant & Guitare (6,8) Larry Washington: Congas Luther Vandross: Choeurs Mike Garson: Piano Pablo Rosario: Batterie Ralph Macdonald: Percussions (6,8) Robin Clark: Choeurs Willie Weeks: Basse (1-5,7)
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(2) AVIS DES LECTEURS
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Ayant découvert la discographie de Bowie à l’envers, et de manière totalement anarchique ("Young Americans" est l’un des albums que j’ai découverts en dernier), je suis moins amené à analyser ses égarements stylistiques ou ses penchants épisodiques pour telle ou telle influence, à l’aune de sa personnalité artistique originelle. Il est vrai qu’après les étapes d’un "Hunky Dory", "Ziggy Stardust" ou "Aladdin Sane", on peut se questionner sur la raison d’être de "Young Americans". Bowie semble de nouveau se chercher (ou s’égarer), non seulement du côté des Beatles, mais aussi du côté de Roxy Music ('Fascination', avec ses choeurs féminins et sa tonalité de festivité équivoque, est très proche de ce que l’équipage Ferry produisait à cette époque). Pourtant, si j’ai toujours eu du mal à voir en David Bowie un dépositaire du rock façon seventies, je me dis qu’il aurait pu évoluer avec talent, peut-être, vers le soul ou le funk rock.
"Young Americans" n’est pas une franche réussite dans le genre, mais je ne trouve pas que Bowie y abandonne son âme. L’album s’écoute plutôt bien, aujourd’hui encore.
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Au milieu des années 1970 David Bowie s'est intéressé à la soul de Motown, comme si Ritchie Blackmore s'était intéressé aux oeuvres complètes de Lorie. Un vrai désastre dès la première piste, qui si elle se veut un hommage naïf à l'Amérique de son enfance ne convainc pas. La voix de David Bowie semble improviser et se perdre en verbiage, des choeurs envahissants, inaudibles et laids provoquent des envies de meurtre (contre toute attente, ces derniers à cours d'invention reprennent du John Lennon). Ce dernier cité aura une très mauvaise influence sur David Bowie. Celui qui était jadis un audacieux un peu rebel sur les bords, un peu anticonformiste sur le coude, est devenu un vulgaire pantouflard consensuel. La reprise d' ''Across The Universe's n'est plus un secret de polichinelle : laborieuse, manquant d'inspiration et totalement informe (Laibach fera mieux). 'Fame' ressemble quant à lui à des manipulations hasardeuses de studio. Qui a laissé David Bowie tout seul appuyer sur tous les boutons et gâcher la bande? Une erreur de jeunesse? A ce titre, là c'est impardonnable et passible de prison, sans passer par la case présomption d'innocence. Seuls surnagent le chaleureux 'Win' avec un chant un peu plus concerné de David Bowie et le funky nocturne 'Fascination'. En 1975, cet album était déjà daté, alors quarante années plus tard, la magie n'aura pas lieu et David Bowie se perd toujours. Son cas relève de la psychatrie à l'image de la pochette où son regard, en plus de traduire une addiction pour les drogues dures et douces, est un véritable appel de détresse, que personne n'a su saisir sur le moment. Mais heureusement, David Bowie accomplira bientôt son chemin de croix, et cette dégringolade était peut-être nécessaire.
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LECTEURS:
3/5 (2 avis)
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STAFF:
2.4/5 (5 avis)
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