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"Dernier chapitre de la trilogie berlinoise, "Lodger" s'avère plus éclectique mais moins novateur que ses deux prédécesseurs."
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4/5
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"Lodger" clôt ce qu'on a coutume d'appeler la "trilogie berlinoise" et met fin à la juteuse collaboration de David Bowie avec Brian Eno, ex-Roxy Music et musicien usant de techniques de composition et d'interprétation pour le moins avant-gardistes. Si "Heroes" reprenait, en les améliorant, les recettes de "Low", jusqu'à recopier sa structure, "Lodger" s'éloigne sensiblement de leur modèle sans complètement le renier.
Première différence qui en ravira certains et en décevra d'autres : il n'y a plus une face chantée et une face instrumentale, tous les titres sont marqués de l'empreinte vocale de Bowie et les instrumentaux sombres et planants n'ont plus droit de cité. Seconde constatation, l'album s'avère beaucoup plus éclectique que ses deux prédécesseurs et, s'il ne tourne pas complètement le dos à une musique à l'esthétique new wave avant l'heure, la place faite à des titres moins froids annonce un nouveau changement stylistique.
De l'héritage de "Low" et "Heroes" demeurent quelques chansons à la dissonance maîtrisée et au chant aseptisé, essentiellement sur la seconde face du vinyle : 'Look Back In Anger' dont l'approche bruitiste et fouillis l'apparente à 'Joe The Lion' ou 'Blackout' et 'Repetition', discordant et répétitif comme l'annonce son titre, en sont les témoignages les plus manifestes. 'Red Money' n'en est pas loin avec sa basse et sa batterie métronomique et un chant à l'économie, sans chaleur, presque désagréable. Un titre présentant un vague cousinage avec les rocks de T-Rex revus à la sauce destroy des guitares discordantes. Enfin, 'D.J.' et 'Boys Keep Swinging' font figure de titres de transition entre l'univers froid de "Low" et le côté dansant qu'on retrouvera quelques années plus tard sur "Let's Dance".
C'est pourtant un tout autre paysage qui accueille l'auditeur lorsqu'il découvre l'album : une entame dynamique avec un Bowie au vibrato sensible ('Fantastic Voyage'), 'Move On', un exercice de style vocal encadré par deux titres "ethniques", l'un nous faisant visiter l'Afrique noire au rythme échevelé du flot de paroles récitées par Bowie sur fond de percussions, sans mélodie (l'expérimental et dépaysant 'African Night Flight'), l'autre nous transportant au rythme chaloupé d'une promenade à dos de chameau dans un pays oriental (le très réussi 'Yassassin'), et enfin 'Red Sails', ses sons saturés, ses dissonances, ses chœurs bégayant, entonnant d'improbables comptines dans un joyeux foutoir.
L'album est un peu déséquilibré entre une première face/partie inventive et très agréable et une seconde légèrement moins inspirée, mais toutefois novatrice et osée, coincée entre les aspects les plus froids de "Low" et les prémices de la dance de "Let's Dance". Globalement très réussi, "Lodger" a pour lui une diversité qui ne peut que séduire l'auditeur.
Plus d'information sur
http://www.davidbowie.com/
LISTE DES PISTES:
01. Fantastic Voyage (02:55) 02. African Night Flight (02:54) 03. Move On (03:16) 04. Yassassin (04:10) 05. Red Sails (03:43) 06. D.J. (03:59) 07. Look Back In Anger (03:08) 08. Boys Keep Swinging (03:17) 09. Repetition (02:59) 10. Red Money (04:17)
FORMATION:
Adrian Belew: Guitares / Mandoline Brian Eno: Synthétiseurs, Drones, Effets Piano Et Guitare, Cuivres, Choeurs Carlos Alomar: Guitares David Bowie: Chant / Guitares / Piano, Synthétiseurs, Chamberlin Dennis Davis: Batterie, Percussions George Murray: Basse Roger Powell: Synthétiseurs Sean Mayes: Piano Simon House: Violon, Mandoline Stanley Harrison: Saxophone Tony Visconti: Guitares / Basse / Mandoline, Choeurs
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(1) AVIS DES LECTEURS
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Ce n’est pas la première fois que Bowie nous aura fait le coup (et ce n’est pas fini), mais voici un "Lodger" qui démarre par un (fantastique) 'Fantastic Voyage', en décalage de tonalité et aussi qualitative, par rapport à toute la suite de l’album. Une suite qui n’est pas mauvaise, loin de là, mais qui se recycle sur elle-même : il n’y a guère que le désinvolte 'Yassassin', joliment orientalisant, pour tenter d’atténuer cette rythmique galopante, toujours la même, quasiment dupliquée sur tous les titres, de 'African Night flight' à 'Red Money'. Même si Brian (Eno) n’aura pas travaillé très longtemps avec son comparse homonyme, Bryan (Ferry), il y en a forcément un qui aura influencé l’autre. Les arrangements et l’empreinte de Roxy Music sont très palpables, encore davantage que sur les deux albums précédents. Seulement, le David Bowie ancestral, ce n’est pas Roxy Music : le tempérament rebelle d’un côté, adossé à l’approche expérimentale, mais à l’émotion brute de décoffrage ; et une musicalité équivoque de l’autre côté, insidieusement mutante, entre festivité clinquante et célébration occulte. Je ne sens pas Bowie très à l’aise avec cette transposition stylistique, beaucoup moins en tout cas que lorsqu’il interprète un "Aladdin Sane", "Hunky Dory" ou un "Ziggy Stardust". Sur la trilogie berlinoise, je préfère "Lodger" à "Heroes", mais en revanche je le trouve plus fade (plus linéaire) que "Low" (auquel, selon mes humeurs, je pourrais attribuer une prestigieuse 4ème étoile).
Pour les amateurs du genre, à noter que Simple Minds sortira son 'Twist/Run/Repulsion', un an après "Lodger", avec sa partition vocale syncopée d’inspiration similaire à celle d’ 'African Night flight', mais avec davantage de cassures rythmiques. Très intéressant également. La chronique d’ "Empires and Dance" embarquant le titre est consultable sur votre webzine favori.
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LECTEURS:
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STAFF:
4/5 (6 avis)
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