Bring Me The Horizon est le genre du groupe qui ne laisse pas indifférent. Sa personnalité principalement incarnée par le charismatique et démonstratif chanteur Oliver Sykes survit album après album, malgré une évolution de style assez rapide qui tend de plus en plus vers des sonorités compatibles avec une massification de l'audience.
Le virage entamé avec l'excellent "Sempiternal" trouve un aboutissement avec "That's The Spirit". Changement de style annoncé, toute la difficulté résidant dans la conservation de l'identité du groupe qui s'éloigne nettement du deathcore puis du metalcore des premiers albums. L'intensité apportée par le gros son et le chant torturé d'Oliver Sykes risquaient fort de se perdre dans ces compromis toujours plus assumés avec le côté le plus commercial de ce style de musique. Car c'est en effet vers le rock alternatif que lorgnent désormais les Britanniques. Même si quelques titres rappellent l'album précédent, à l'instar de 'Doomed' ou de 'Throne' qui, bien que délaissant largement le scream et présentant une guitare plus en retrait, conservent une énergie et une force tubesque qui caractérisaient "Sempiternal". 'Happy Song' dans ce registre est composé pour la scène et saura pousser le public dans une sorte de communion extatique avec les musiciens.
Au détour de titres comme 'Follow You', la page semble définitivement tournée. Apparaissent en effet les morceaux majoritairement mid-tempo au chant clair, même si quelques envolées metalliques parsèment les morceaux et notamment 'Drown (New)' qui renoue quelque peu avec une certaine agressivité salvatrice. L'accent est en tout état de cause mis sur les mélodies servies par le chant efficace de Sykes, les lignes de clavier (Jordan Fish, qui accompagne Oli Sykes à la production, a su mettre en avant son clavier mélodique et doté d'atours électro-alternatifs) et parfois les chœurs. Bien sûr les rythmiques gardent souvent, mais pas forcément, leur aspect massif que le mixage met relativement en retrait. 'Blasphemy' et surtout 'Oh No' clôturent l'album dans un registre quasiment electro-pop qui ne présente qu'un intérêt limité en raison d'un manque de relief décevant.
On pourra regretter que la musique de Bring Me The Horizon perde son intensité et certaines de ses caractéristiques. Cependant, l'identité du groupe est préservée même si certains fans se perdront sans doute en route. Avec certains titres, le groupe prend cependant le risque de se banaliser malgré quelques hits incontournables.