Ca y est, la machine CCR (pour les intimes) est en route. Après un galop d'essai concluant l'année précédente, le groupe marche vers la reconnaissance avec ce "Bayou Country" dont le nom sera à l'avenir souvent accolé au style musical du groupe. Produit par le jeune Fogerty en personne, ce second album n'est sans doute pas l'un des meilleurs, mais présente un groupe plus soudé que jamais et désormais droit dans ses baskets concernant la route à suivre.
Le titre qui ouvre l'album est sombre et marécageux à souhait ; il définit à lui seul l'essence CCR et révèle un groupe plus solide que sur son premier LP. Riche en tremolos, la Gibson qui introduit 'Born On The Bayou' apporte un son rock tout nouveau pour l'époque et contribuera à bâtir, avec la voix unique de Fogerty, les heures de gloire du combo. Traitant du fameux Hoodoo (sorte d'esprit fantôme que l'on retrouvera sur le premier opus solo de Fogerty bien des années plus tard) cher au cœur de son compositeur, ce titre évoque à l'image du 'Porterville' du premier album la magie de l'enfance et ses escapades estivales. 'Bootleg', empreint d'une certaine ambiance fluctuante, n'est pas désagréable à l'écoute tout comme le roulant 'Penthouse Pauper', mais la longue et pataude 'Graveyard Train', pourtant riche en harmonica, traîne un peu la patte.
Heureusement 'Good Golly Miss Molly' va nous mettre le coup de pied nécessaire au réveil et nous conduire vers un 'Proud Mary' magique et aérien (ce solo !), aujourd'hui entré dans la légende (Ike et Tina Turner y ont contribué également en la reprenant). Évoquant le dur labeur des plongeuses de Memphis et assemblement de plusieurs idées de Fogerty, ce titre justifierait presque à lui seul l'achat de cet album à l'artwork des plus flous, mais grâce auquel les Californiens ont trouvé leur voie et comptent l'exploiter au mieux. C'est aussi, grâce aux hits qu'il contient, le début du "mythe John Fogerty".